Législatives françaises : Kader Arif, un ministre dans la mêlée des législatives
Né à Alger, Kader Arif a débarqué tout enfant à Castres, dans le sud de la France. Cinquante ans plus tard, il est ancien rugbyman de haut niveau, parlementaire européen, ex-membre du staff de campagne du candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, nouveau ministre délégué aux Anciens combattants et candidat aux législatives dans la dixième circonscription de Haute-Garonne. Pas mal, non ?
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Portrait publié le 31 janvier 2012 et mis à jour le 31 mai 2012.
Kader Arif a la faconde d’un homme du midi de la France. Cette façon de prononcer les « plusse » et les « môainsse », la jovialité matoise de ceux qui arrondissent les angles pour parvenir à leurs fins. Kader Arif est né à Alger il y a cinquante-deux ans. Passionné de voile et ancien rugbyman de haut niveau, il n’est pas grand et massif comme l’on pourrait s’y attendre. « À l’époque où j’étais talonneur du Castres Olympique, explique-t-il, l’entraînement était moins exigeant qu’aujourd’hui. On ne faisait pas de la musculation tous les jours… »
Aujourd’hui, il court sur un autre terrain : la politique. Le tout nouveau ministre délégué aux Anciens combattants arpente les marchés de Haute-Garonne, sillonnant la dixième circonscription dans laquelle il est candidat aux législatives de juin. Aux côtés de Martin Malvy, président du Conseil régional de Midi-Pyrénées, il serre les mains, répond aux questions, distribue des tracts. « Faire de la politique, c’est aimer les gens. La seule légitimité publique, c’est celle du suffrage universelle et du contact avec les autres », explique-t-il.
Loin de Maison carrée
« Hollandais » de la première heure, responsable du pôle coopération, lors de la campagne présidentielle du candidat socialiste, il s’est vu attribuer le portefeuille des Anciens combattants dans le gouvernement Ayrault. « La grande force d’Hollande, souligne Arif, c’est qu’il a su s’entourer d’une équipe diverse. Et puis, Hollande incarne le rêve français, qui consiste à dire à chacun, quelles que soient sa couleur de peau ou son histoire, qu’il appartient à une nation commune. »
Ce rêve a un sens, pour lui qui a quitté l’Algérie à l’âge de 3 ans et demi, lorsque ses parents se sont installés dans le Tarn, pas très loin de Toulouse. « Nous habitions Maison Carrée – aujourd’hui El-Harrach, une banlieue populaire d’Alger. Ma mère était originaire de la Mitidja, mon père, du Sud-Ouest algérien. En France, il a été ouvrier agricole, bûcheron, puis a manié le marteau-piqueur pendant quinze ans. » Aîné de quatre enfants, Kader fait ses études secondaires à Castres, complétées par une maîtrise de communication à Toulouse. Tout en jouant au rugby jusqu’à l’âge de 24 ans : « Ce sport, qui ne faisait pas partie de l’univers de mes parents, m’a permis de m’intégrer, d’être accepté par les autres. »
Héritier de Jospin
Le coup d’État de Pinochet au Chili, en 1973, a éveillé l’intérêt de l’adolescent pour la politique : « J’ai mal vécu cet événement, qui mettait à bas la démocratie. » Castres étant au coeur du « Midi rouge » (c’est la patrie de Jean Jaurès), nombre de ses proches militent au Parti communiste, d’autres aux Jeunesses socialistes. Arif s’engage lors des municipales de 1977, prend sa carte du PS en 1983, devient l’un des fondateurs et le vice-président de l’association France Plus, qui se bat pour que l’immigration pèse davantage dans le débat politique.
En 1987, il rencontre Lionel Jospin, qui, fraîchement élu député de la Haute-Garonne, lui propose de devenir son assistant. Il le suivra jusqu’à Matignon, en 1997, devenant deux ans plus tard, avec son soutien, premier secrétaire de la fédération de la Haute-Garonne. « Qu’un Kader lui succède comme patron de la quatrième fédération de France avait pour lui, en tant que Premier ministre, une valeur politique forte. »
Ministre en suspens
Arif intègre le bureau national du PS en 2000, devient secrétaire national du parti, puis, avec le soutien de Hollande, est désigné comme tête de liste pour la région Sud-Ouest aux élections européennes de 2004. « Je me sens pleinement citoyen français. Mais, en même temps, au plus profond de moi, il reste toujours ce sentiment d’être "né ailleurs". Eh bien, là, j’ai réalisé en Midi-Pyrénées le meilleur score national. Malgré les politiques intolérantes qui sont menées, la France est, dans ses profondeurs, un pays de tolérance et d’acceptation. »
Aujourd’hui député européen et vice-président de l’Assemblée parlementaire paritaire UE-ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), Arif affrontera aux législatives des 10 et 17 juin, douze candidats, dont deux dissidents du Parti socialiste, qui estiment que la direction du parti l’a parachuté.
Mais dans une circonscription où François Hollande a réalisé un score de 58,64% face à Nicolas Sarkozy au second tour de l’élection présidentielle, la victoire semble à sa portée. L’enjeu est de taille : en cas de défaite, le natif d’Alger sera tenu de quitter le gouvernement.
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