Égypte : le procès Moubarak captive le monde arabe

Le monde arabe se passionne pour le procès de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak. Beaucoup parlent d’une « grande leçon » pour « ceux qui s’accrochent au siège ».

Des Égyptiens suivent le procès d’Hosni Mubarak sur écran géant au Caire, le 3 août 2011. © AFP

Des Égyptiens suivent le procès d’Hosni Mubarak sur écran géant au Caire, le 3 août 2011. © AFP

Publié le 5 août 2011 Lecture : 3 minutes.

De l’ouverture de son procès au Caire le 3 août 2011, le monde entier a retenu l’image forte d’Hosni Moubarak allongé sur une civière dans une cage grillagée. Dans le monde arabe, tous, du Maroc à la Jordanie, ont suivi ce moment mémorable en direct, via les réseaux sociaux Facebook et Twitter ou la télévision.

« Chaque Arabe espère que ce procès historique sera une leçon pour tous ceux qui s’accrochent à leur siège, pour qu’ils écoutent les revendications de leurs peuples qui demandent liberté, démocratie et justice sociale », souligne le quotidien Al-Quds.

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Dans cette région du monde où les dirigeants ont été tout-puissants, sans rendre de comptes pendant des années, la photo du « dernier pharaon » qui a été diffusée partout est lourde de symboles. « Ce jour s’est transformé en quelque chose qui ressemble à un rêve parce que personne n’imaginait qu’un autocrate puisse s’asseoir derrière les barreaux », affirme le quotidien palestinien.

"La maladie n’empêche pas de rendre des comptes"

Hosni Moubarak est le premier dirigeant du Moyen-Orient à être jugé en personne depuis le début du « printemps arabe », qui s’est transformé en répression sanglante et même en guerre, en Syrie et en Libye.

Aucune réaction officielle n’a émané de Ryad en Arabie Saoudite, autrefois proche alliée d’Hosni Moubarak et soupçonnée par de nombreux Égyptiens d’avoir fait pression pour lui éviter cette « humiliation ». Mais la presse locale, qui exprime généralement un point de vue proche de celui des autorités, a salué un procès « civilisé ». Sous le titre « la primauté de la magistrature », le quotidien Al-Jazira écrit qu’ « il n’y a pas d’exception » devant la justice.

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« La maladie [de Moubarak] n’empêche pas un accusé de rendre des comptes et sa longue contribution à l’action nationale ne peut pas le placer dans l’impunité », poursuit-il.
« C’est un procès civilisé où ont été respectés les droits du procureur et de la défense », renchérit le journal Al-Riyadh, en rendant hommage au tribunal pour avoir fait preuve d’ « indépendance et d’impartialité ».

Processus de démocratisation

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« Le procès historique de Moubarak est la preuve que le peuple d’Égypte a vaincu la dictature », s’enthousiasme pour sa part le quotidien indépendant jordanien Al-Arab Al-Yawm, tandis que son compatriote Al-Ghad juge que ce spectacle va « donner aux révoltes arabes un coup de fouet pour surmonter les obstacles ».

« Ce procès est une victoire de la volonté des peuples de la région en faveur du processus de démocratisation », commente de son côté le quotidien marocain Al-Tajdid, pour qui ce procès adresse un message particulier au Maroc  où « la corruption perdure, malgré les promesses d’en venir à bout ». Le rédacteur en chef du quotidien palestinien Al Hayat al-Jadida, Hafez al-Barghouti, tempère toutefois cet enthousiasme.

« C’est très bien que le peuple ait été capable de renverser et de juger tout un régime mais cela devrait être fait sans les sentiments de vengeance », « qui vident la révolution de son contenu », estime-t-il en se demandant « comment un vieil ancien président a pu rester vivant avec tout ce qu’il a enduré ces derniers mois ».

Syrie silencieuse

À Damas, la presse gouvernementale n’a pas dit un mot du procès, à l’exception de l’organe du parti au pouvoir Al-Baath qui s’est contenté d’évoquer son report au 15 août. Le président déchu tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir le 14 janvier par une révolte populaire, est actuellement en procès mais par contumace. L’ex-président irakien Saddam Hussein a lui aussi été jugé mais après une invasion étrangère. « Nous ne vivrons probablement pas un « ZABA trial » (procès de Ben Ali, ndlr) et la Tunisie n’a toujours pas suspendu ses relations avec l’Arabie Saoudite », où il s’est réfugié, regrette sur Twitter Amira Yahyaoui, une militante tunisienne.

(Avec AFP)

 

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