Sarkozy « n’était pas loin » des excuses attendues sur le génocide, juge Kagamé
Dans un entretien à « Jeune Afrique », le président rwandais juge « courageuses » les déclarations de Nicolas Sarkozy sur le génocide de 1994, lors de sa visite à Kigali en février dernier. Le président français avait reconnu de « graves erreurs » et « une forme d’aveuglement » de la France vis-à-vis du régime du président Juvénal Habyarimana.
Des mots « courageux », « pas très loin » de ce qu’attendait Kigali. C’est ainsi que Paul Kagamé juge les déclarations de Nicolas Sarkozy au Rwanda en février dernier.
Cette visite était la première d’un président français depuis le génocide de 1994. Elle clôturait trois ans de rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Nicolas Sarkozy avait souhaité faire un pas en direction des attentes de Kigali, en reconnaissant de « graves erreurs » et une « forme d’aveuglement » de la France face à « la dimension génocidaire » du régime de Juvénal Habyarimana. Mais dans cette déclaration où chaque mot avait été pesé, il avait soigneusement évité d’employer les termes « pardon » et « excuse ».
Kagamé adopte une position médiane
« Ce qu’il a dit à ce sujet n’était pas très loin de cela », estime toutefois le président Paul Kagamé dans un entretien à Jeune Afrique. « Dans ce contexte, avec les réticences et les oppositions qui, je l’imagine, n’ont pas manqué de surgir en France, c’était courageux de sa part », juge le président rwandais. De fait, au lendemain de cette visite, le Premier ministre français de l’époque, Edouard Balladur (dont Nicolas Sarkozy était alors ministre du Budget), avait soutenu que l’armée française avait été « exemplaire » au Rwanda en 1994.
Adoptant une position médiane, le président Kagamé, arrivé au pouvoir en 1994 à la tête d’une rébellion contre le régime génocidaire, ajoute : « ici même, au Rwanda, vous trouverez des gens qui vous diront que la France aurait dû rendre des comptes, et que ces retrouvailles étaient prématurées ».
Pour autant, le président rwandais ne semble pas considérer que le rapprochement entre les deux pays est achevé. « Nous aurons à gérer cette réconciliation. Je n’ignore pas qu’à Paris, certains milieux et certaines personnes, sans doute prisonniers de leurs responsabilités passées, n’y étaient pas favorables », indique-t-il notamment.
« L’important, c’est que le processus soit honnête et sincère de part et d’autre. Et je crois qu’il l’est », assure-t-il enfin.
Lire l’interview complète de Paul Kamagé dans le n°2572-73 de Jeune Afrique, en kiosques du 25 avril au 8 mai.
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