Comores : l’enquête sur le crash de la compagnie Yemenia avance
La prochaine identification des corps devrait permettre leur inhumation aux Comores. Une médiation a été engagée entre les familles et la compagnie aérienne.
La colère est toujours très forte chez les Comoriens de France, trois mois et demi après le crash, le 30 juin dernier, de l’avion de la compagnie Yemenia Airways au large de la Grande Comore, dans lequel ont péri 152 personnes. Toutefois, les récentes avancées de l’enquête lèvent une partie des doutes exprimés par les associations des familles de victimes, quant à la volonté de la justice française de faire toute la vérité sur ce tragique événement.
Instruction en cours
« La Justice et l’administration se sont réellement saisies de l’affaire », note Me Yann Prévost, avocat de plusieurs familles de victimes. La juge d’instruction chargée du dossier, Katia Dubreuil, s’est rendue aux Comores hier, dans le but « de faire avancer l’enquête, notamment au niveau de l’identification des corps », précise l’avocat. Fin septembre, elle avait nommé quatre experts – deux pilotes instructeurs, un expert en maintenance aéronautique et un expert en aviation civile – pour les charger, avant la fin de l’année – de déterminer les causes du crash.
Les familles des victimes avancent toujours l’état déplorable de l’appareil qui s’est abîmé en mer. Début septembre, elles avaient également évoqué la thèse de l’erreur de pilotage. Mais les deux boîtes noires, repêchées fin août, n’ont toujours pas parlé. Leur analyse « est toujours en cours », précise-t-on au Bureau d’études et d’analyses (BEA), au Bourget, en région parisienne.
90 corps repêchés
L’opération d’identification des victimes avance également. Près de 90 corps (ou parties de corps) ont été repêchés, dont 25 au large de la Tanzanie. Ces derniers devraient être prochainement rapatriés à Moroni. Des prélèvements ADN, dont les échantillons ont été envoyés dans des laboratoires français et britannique, devraient permettre de leur attribuer un nom. « Les résultats devraient arriver la semaine prochaine », souligne Mohamed Bacar Dossar, directeur de cabinet du président comorien Ahmed Abdallah Sambi. Leur inhumation devrait intervenir à la fin de ce mois, « en tout cas après leur identification », dans une fosse commune, « conformément à la volonté des familles ». « Cette étape sera très importante pour les familles afin de les aider à faire leur deuil », précise Mohamed ismaël, lui-même membre d’une des associations des victimes.
Acte de décès rédigés
Autre motif de satisfaction pour les familles vivant en France : les actes de décès ont été enfin rédigés. Une médiation judiciaire a en outre été engagée entre les familles et la compagnie aérienne, suite à l’accord du juge des référés. « Les familles ne voulaient pas entendre parler de transaction », indique Me Prévost. « La décision du juge nous a permis d’engager des discussions avec la garantie que cela ne se fera pas dans un bureau, au secret, mais dans une enceinte judiciaire. » D’ores et déjà, les avocats ont obtenu, selon les familles, l’engagement verbal qu’une première avance de 10.000 euros serait versée à chaque membre de la famille – alors que la compagnie proposait, à la base, une somme de 20.000 euros pour l’ensemble de la famille.
Le comportement de la compagnie continue d’irriter les familles des victimes. « S’ils pouvaient ne rien faire, ils ne feraient rien !», poursuit Mohamed ismaël. « Leurs avocats ont tout de même facilité les choses », reconnaît Me Prévost.
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