Félicitations, lecteur !
L’attribution du prix Nobel de la Paix à Barack Obama a fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup de choses très intelligentes ont été dites à ce sujet et nous n’aurions jamais pensé apporter notre modeste contribution aquatique à ce déluge de commentaires s’il ne nous avait semblé qu’il manquait quelque chose. Très précisément, il manque une analyse mathématico-philosophique de l’événement. C’est ce que nous essaierons de faire ici.
Pour commencer, établissons un point fondamental : l’ami Barack n’ayant encore rien fait, ce prix lui a été attribué pour ce qu’il est , ou plus exactement pour ce qu’il n’est pas : George Bush. Tous les commentateurs sont d’accord sur ce point. Ce qui implique que tout ce qui n’est pas Bush (vous, moi, ce chandelier, la mouette qui passe…) vient de recevoir, implicitement, le Prix Nobel. Soyons fier de cet honneur qui nous échoit et sachons nous en montrer dignes.
Évidement, diviser un million d’euros par six milliards de Terriens moins Georges Bush plus les mouettes, ça ne fait pas beaucoup pour chacun. Mais c’est le geste qui compte.
Continuons. En nous donnant à tous le prix parce que nous ne sommes pas Georges Bush, le jury d’Oslo a définitivement tranché une question qui hante la philosophie depuis les Grecs jusqu’à Heidegger : le néant existe-t-il ? Oui, ont-ils répondu, ces Norvégiens subtils, et même plus que ça : le néant est plus important que l’être (et pan dans les gencives de Sartre !). C’est ce qui en toi n’est pas qui a eu le prix Nobel, ami lecteur, amie lectrice, et non ce que tu es, ce qui te constitue : intelligent, sympathique et cultivé puisque lecteur de JA.
Vertigineux ! Maintenant tu peux hausser les épaules et refuser le Prix (c’est très chic de refuser un Nobel, il n’y a que deux ou trois cas connus dans l’Histoire). Tu peux même m’accuser de fumisterie et clamer que tout ça, c’est même pas vrai. Eh bien, alors écoute cette histoire, tout à fait authentique. Il y a quelques années, je faisais partie d’une petite commission ad hoc chargée de recruter des doctorants à l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines. Nous étions en train d’éplucher les dossiers quand un détail nous frappa : un des candidats, tout juste âgé de vingt-deux ans et de nationalité allemande, affirmait, dans son CV, être Prix Nobel de la Paix ! Nous nous mîmes à rire et nous allions balancer son dossier à la poubelle (un fou !) quand la présidente de la commission nous fit remarquer que, selon son CV, le jeune homme avait effectué un petit stage à l’ONU, à New York, en 2001. Quelques clics de la souris et Internet nous révéla que cette année-là, l’ONU avait effectivement obtenu le Nobel. Logique jusqu’au bout des ongles, l’ami Hans se comptait parmi les récipiendaires. Chapeau bas ! Nous le recrutâmes.
Conclusion (logique) : allons tous à Oslo recevoir notre Nobel, dans quelques semaines, mais restons modestes. Nous aurions tout aussi bien pu le rater. Il s’en est fallu d’un cheveu. Si notre maman s’était appelé Barbara Bush…
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