Faut-il juger les tortionnaires ?
Après de nouvelles révélations sur les actes de torture pratiqués par la CIA, Obama va devoir trancher.
Le 12 octobre 2000, à Aden (Yémen), une embarcation piégée explose contre le flanc du navire américain USS Cole, tuant 17 marins et en blessant 50 autres. Le Saoudien Abdel Rahim al-Nachiri est soupçonné d’être le cerveau de l’attentat. Dans les geôles de la CIA, toutes les méthodes sont bonnes pour le faire parler. Y compris le menacer avec une perceuse électrique ou lui affirmer que sa mère et d’autres membres de sa famille pourraient être violés sous ses yeux…
Cette histoire n’est pas unique et, en cherchant à mettre fin aux pratiques de l’ère Bush, le président Obama a ouvert la boîte de Pandore. Il ne souhaitait pas juger les responsables des actes de tortures pratiqués dans les prisons secrètes d’Irak ou d’Afghanistan, mais il risque d’y être contraint. L’opération « mains propres » lancée par son ministre de la Justice, Eric Holder, s’est désormais emballée. « Mon devoir est d’analyser les faits et d’obéir à la loi », dit ce dernier.
Et ces faits lui ont donné « la nausée » au point de le contraindre à rendre public, à la fin du mois d’août, un rapport signé en 2004 par l’inspecteur général de la CIA, John L. Helgerson. Ledit rapport, encore partiellement censuré, est un catalogue des méthodes de torture utilisées contre les prisonniers soupçonnés de liens avec Al-Qaïda. Simulation de noyade (le fameux waterboarding), simulacres d’exécution, coups, humiliations physiques et psychologiques, menaces (« Nous allons tuer tes enfants »).
Le nouveau directeur de la CIA, Leon Panetta, a simplement déclaré ne pas vouloir « prendre part au débat, déjà très politisé, sur l’utilité des méthodes de détention et d’interrogation mises en oeuvre par le passé ».
Confronté lui-même aux pratiques héritées de l’ère Bush, il vient de révéler les accords liant l’agence de renseignement et la société de sécurité privée Xe Services LLC (ex-Blackwater) – payée (sans résultat probant) pour capturer ou tuer des dirigeants d’Al-Qaïda – et d’y mettre fin.
Faut-il juger les coupables? Obama risque d’être longtemps poursuivi par les cadavres contenus dans les placards de l’administration Bush.
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