Chère grippe H1N1

La France est sur le pied de guerre pour faire face à une éventuelle épidémie de grippe H1N1. Une guerre coûteuse notamment menée sur les fronts pharmaceutique et médiatique.

Publié le 14 août 2009 Lecture : 2 minutes.

« On n’en fait jamais trop quand il s’agit de la santé des citoyens ». C’est le ministre français de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui le dit. Car en France, pays pilote avec les Etats-Unis de la prévention contre la pandémie de grippe A, la polémique commence à enfler.

Les pouvoirs publics n’ont-ils pas été trop alarmistes pour dénoncer les conséquences d’une maladie ( grippe « H1N1 » ou « porcine » ou «mexicaine » selon le calendrier médiatique) qui pour l’instant n’a fait « que » 1.100 morts dans le monde (contre 2,5 millions par an pour le paludisme dont on attend toujours le vaccin) ?

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Le ministère de la Santé tient un double discours qui peut se résumer ainsi: 1) Il faut s’attendre au pire à partir d’octobre. 2) Pas de panique car le gouvernement, le système sanitaire, les collectivités locales sont sur le pied de guerre.

Pas une journée ne s’écoule sans que les Français ne soient invités à la radio ou par voie d’affichage à « se laver les mains », à « ne pas éternuer en direction de leurs voisins » et à « se moucher dans des mouchoirs en papier ».

Cette communication, sortie d’un livre d’astuces de grand-mère a bien sûr un coût assumé partiellement par le Service d’information du Gouvernement (SIG), dirigé par l’ancien publicitaire Thierry Saussez (ancien « communicant » du président ivoirien Henri Konan-Bédié et auteur du livre « Nous sommes ici par la volonté des médias », éd. Robert Laffont).

Dépendant directement de Matignon, le SIG dispose en 2009 d’un budget de 23 millions d’euros (+ 300% d’augmentation par rapport à 2008). Aiguillonées par l’alarmisme de l’OMS, qui joue sa crédibilité dans le déclenchement d’une alerte sanitaire mondiale, les autorités françaises assurent également que la course au vaccin est bien lancée et ont commandé 94 millions de doses de vaccins pour 879 millions d’euros.

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Une poignée de laboratoires, qui ont obtenu une immunité juridique en cas d’accidents vaccinatoires, devraient se partager le marché mondial évalué à 22 milliards d’euros : Sanofi-Aventis, Novartis AG et GlaxoSmithKline.

La position dominante du groupe français Sanofi, qui revendique 40% du marché mondial des vaccins anti-grippaux, explique peut-être le zèle des autorités sanitaires françaises.

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Mais, en attendant la livraison des précieux vaccins, les fabricants des produits de prévention et les pharmaciens se frottent déjà les mains. Masques de protection, solutions hydroalcooliques (dont l’efficacité n’est pas supérieure à celle du savon classique), poignées de porte anticontamination, lingettes antiseptiques: c’est une véritable panoplie de Michael Jackson que les malades potentiels sont invités à acheter dans les officines.

Les mesures prophylactiques envisagées à l’automne en France (fermeture des écoles et de certains services publics) devraient également coûter à la collectivité plusieurs centaines de millions d’euros.

Au niveau mondial, la facture directe de la lutte contre la grippe mutante est déjà évaluée à près de 200 milliards de dollars. Un pactole qui ne devrait pas coûter à tout le monde.

En attendant la livraison des vaccins, la molécule Tamiflu, seul moyen curatif connu a été conçue en 1996 par les laboratoires Gilead Science, dont l’ancien PDG (1997-2001) n’est autre que Donald Rumsfeld, l’ancien faucon de George W. Bush. Toujours actionnaire de ce laboratoire, l’ex-secrétaire à la Défense artisan de l’invasion irakienne, peut ainsi, pour une fois, se targuer de toucher les dividendes d’une arme de protection massive.

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