« Mohammed VI, le petit roi qui monte… »

Publié le 7 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Ici, tout le monde le porte. Le riche comme le pauvre, l’adulte comme l’enfant s’affichent avec, dans les palais, dans les souks. C’est un petit badge jaune qu’on épingle au revers de sa veste ou de sa djellaba. Un pin’s où des silhouettes d’hommes debout se dessinent. Un pin’s afin d’être « unis pour aider les démunis », dit le slogan. Un pin’s vendu 5 dirhams (un peu plus de 3 FF). Cette pastille jaune est, ces temps-ci, du côté de Fès ou de Marrakech, un signe extérieur de solidarité. Le roi lui-même l’arbore au revers de son veston gris anthracite lorsqu’il reçoit, il y a dix jours, Lionel Jospin. Normal après tout : le monarque lui-même est à l’origine de cette campagne, précise- t-on au palais. En quatre mois de règne, Mohammed VI s’est forgé une image de majesté à visage humain. Il serait même en passe de faire oublier son père, Hassan II. « M6 (en référence à la chaîne de télévision française, NDLR) est le petit roi qui monte, qui monte… », plaisante un conseiller diplomatique du Premier ministre marocain Abderrahmane Youssoufi.

Dans son bazar pour touristes, Ahmed a placardé sur les murs des pages arrachées à un grand hebdomadaire français. On y voit Jean-Paul II aux Journées mondiales de la jeunesse à Paris. Plus loin, Bill Clinton tout sourire avec Hillary. Plus loin encore, Yasser Arafat, ému, à Oslo. « Ce sont tous des hommes de paix, précise Ahmed. Comme notre roi. Il faut le voir lorsqu’il vient à notre rencontre. Il attrape, il étreint, il embrasse. Ce n’est pas comme son père qu’on ne voyait que de loin. Parce qu’il avait vingt gardes du corps autour de lui. »

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Quelques rues plus loin, Mourad approuve et en rajoute. Lui vient des montagnes du Rif. Là où, sitôt intronisé, Mohammed VI a commencé sa première tournée du royaume. Voilà vingt-sept années que le Berbère barbu vend des kilim (tapis, NDLR) au coeur de « la plus impériale des villes impériales ». « Avec le nouveau roi, assure-t-il dans un français remarquable, le Maroc est plus jeune qu’auparavant. Je sais bien qu’il ne faut pas dire du mal des morts. Mais tout de même : nous avions peur de Hassan II. Désormais, nous avons peur pour Mohammed VI. Comprenez bien : c’est un roi social. Il a déjà fait beaucoup pour les handicapés. À présent, il mène campagne pour les démunis. Demain, il interdira aux fonctionnaires d’avoir un autre emploi. Notamment pour éviter la corruption. »

Justement. À l’hôtel S. de Marrakech, le bakchich, on connaît. Le « cinq étoiles » est la propriété d’un riche Saoudien. Son gérant, un Français, assure que « chaque année, 10 % du chiffre d’affaires est reversé à l’État ». Simplement pour avoir le droit de rester. Cette année, avec l’avènement du nouveau monarque, le directeur pronostique qu’« on ne devrait en verser que la moitié ». Le guide touristique de l’hôtel renchérit : « Mohammed VI, c’est notre Che Guevara à nous. Celui qui va révolutionner le Maroc. » À Rabat, la capitale, les changements sont aussi en marche. Mais, selon un ministre français qui accompagnait Lionel Jospin chez Mohammed VI : « C’est un roi de gauche… Après tout, à Paris, nous avons bien un président de droite… »

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