Algérie-Maroc : un grand pas en avant…

Publié le 7 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

Bourrage des urnes, trucage des listes, intimidation à l’entrée des bureaux de vote, candidatures empêchées, partis interdits : la gestion « contrôlée » du paysage politique a longtemps été une constante au Maghreb. Après le parti unique, le pluralisme factice, en quelque sorte…

L’année 2002, riche en échéances électorales en Afrique du Nord, a pourtant illustré un changement qu’on n’attendait plus : des élections enfin libres et transparentes, en Algérie comme au Maroc. Même si elles ne furent pas exemptes d’irrégularités, ces consultations ne sont plus organisées « à l’avance » par les pouvoirs en place. Quels qu’ils soient. Désormais, les résultats ne se jouent plus en haut lieu mais dans les isoloirs.

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Enfin de vraies élections ? Le roi Mohammed VI s’y était engagé dans un discours prononcé le 20 août dernier. Un appel à la mobilisation générale pour « protéger la régularité des élections » et « moraliser le processus électoral ». Restait à convaincre les électeurs incrédules…

Signe d’une évolution inévitable ou simple coïncidence, le voisin algérien, lors des législatives du 30 mai 2002, a également fait de la transparence son cheval de bataille. Le président Abdelaziz Bouteflika est personnellement monté au créneau : « Ces élections offrent à notre peuple l’opportunité de renouveler et de consolider la légitimité de nos institutions. Une légitimité que seul le libre choix des Algériens est à même de conférer à leurs représentants », a-t-il déclaré le 17 avril. Pour préserver l’inviolabilité des urnes et la sincérité du scrutin, un important dispositif de contrôle, la Commission politique nationale de surveillance des élections législatives (CPNSEL), a été mis en place. Composée exclusivement des représentants des partis politiques et de candidats indépendants, cette structure a pu contrôler le scrutin à chacune de ses étapes, saisir les institutions à la détection de la moindre irrégularité, exiger les procès-verbaux des bureaux de vote, répartir l’accès aux médias publics et veiller au bon déroulement de la campagne. Comparables sur le plan des intentions affichées, les élections législatives marocaines et algériennes, qui se sont déroulées à moins de quatre mois d’intervalle, le sont également à un autre niveau : même transparentes, elles n’ont suscité qu’un faible intérêt. Un taux de participation de 52 % au Maroc, contre 46 % en Algérie.

Paradoxalement, cette désaffection conforte Mohammed VI et Abdelaziz Bouteflika. Elle prouve que les chiffres n’ont pas été manipulés. Mais elle souligne le manque de confiance des électeurs en leurs institutions. « À quoi bon voter ? cela ne changera rien », pourrait-on résumer…

Après l’organisation de vraies élections, c’est maintenant un défi autrement plus difficile qui attend M6 et Bouteflika : faire en sorte que leurs électeurs, désabusés, s’intéressent enfin à la politique et s’y investissent. Les campagnes de sensibilisation, les appels au civisme, les déclarations grandiloquentes, c’est bien. Prendre en compte les aspirations des citoyens et, surtout, y répondre, c’est mieux.

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