Alain Mabanckou: « Un écrivain n’est pas un sapeur-pompier »

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, la nouvelle figure emblématique de la littérature subsaharienne décrypte son écriture et donne les clés de son succès, pose un regard critique sur la diaspora africaine à Paris, juge l’évolution des rapports entre la France et l’Afrique, et défend le rôle de l’intellectuel africain.

Publié le 6 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Alain Mabanckou révèle pourquoi, selon lui, le grand public ne l’a découvert qu’avec son quatrième roman, Verre cassé, publié en 2005 alors qu’il écrit depuis bientôt quinze ans : « Il m’a fallu plusieurs livres pour me rendre compte qu’on devient écrivain à partir du moment où l’on s’émancipe des règles de la langue » assure-t-il. Et définit son dernier roman, Black Bazar, comme « le récit de la pagaille dans le monde noir de Paris ».

Si son sixième roman raconte les heurs et malheurs des africains à Paris et le thème de l’émigration est au cœur de sa fiction, le romancier congolais tient à préciser que ce qui l’intéresse « ce sont les rêves, les souffrances, les déchirements des exilés africains qui savent que leur destin est en France. Ils l’aiment et la détestent ».

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Le verbe facile, excellent communiquant, il interpelle le président français (« Au moment même où nous pensons que le monde forme une longue chaîne, Sarkozy vient expliquer que les civilisations ont des hiérarchies. Dans quelle histoire l’Afrique doit-elle entrer ? dans l’histoire de France ? ») et dénonce les relations franco-africaines (« On n’accepte plus une Afrique gouvernée depuis le quai d’Orsay »).

Peu disert sur les grandes questions politiques qui touchent le continent, l’écrivain s’en explique et précise le rôle de l’intellectuel africain, dont le silence sur certains sujets peut paraître choquant :  « Un écrivain n’est pas le sapeur pompier des sociétés africaines » déclare-t-il.

Professeur de littérature francophone à l’université de Californie à Los Angeles et résidant aux USA depuis 2001, Mabanckou affirme que son expérience américaine l’a non seulement changé mais surtout lui a ouvert les yeux sur la réalité de la condition noire en France : «à partir du moment où j’ai pu voir comment la question noire était traitée aux Etats-Unis, l’injustice faite aux noirs en Europe m’a paru encore plus flagrante ».Ce sera d’ailleurs le thème de son prochain livre, qui sera un essai : « J’aimerais mettre en perspective les conclusions de Pape Ndiaye (auteur de La condition noire) en les confrontant à l’expérience noire en Amérique ».

Retrouvez l’intégralité de l’interview d’Alain Mabanckou dans le Jeune Afrique N°2509 en kiosque dès lundi.

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