Rebelles et putschistes

Leurs noms sont intimement liés aux crises qui déstabilisent le continent. Des mouvements touaregs aux activistes nigérians en passant par la guerre menée par Laurent Nkunda contre le régime congolais, ils devraient continuer à faire parler d’eux en 2009. Tout comme l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, qui pourrait être jugé par la Cour pénale internationale. Ou encore le chef de la junte mauritanienne, qui a promis une élection présidentielle, sans en fixer la date…

Publié le 20 janvier 2009 Lecture : 5 minutes.

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Les 100 personnalités qui feront l’Afrique en 2009

Sommaire

Ibrahim Ag Bahanga
Chef de la rébellion touarègue, 42 ans, Mali
Aussi insaisissable qu’imprévisible, le chef de la rébellion touarègue de l’Adrar des Ifoghas se déclare engagé dans le processus de dialogue avec le gouvernement malien sous les auspices d’Alger mais boycotte les réunions que le médiateur, Abdelkrim Gheraïb, organise à Alger ou à Kidal. Ibrahim Ag Bahanga, 42 ans, négocie au prix fort la vie des otages (soldats et officiers maliens) qu’il détient. Entre son QG, dans les maquis de Tigherghar, dans la région de Kidal (2 200 km au nord de Bamako) et une luxueuse résidence à Tripoli, mise à sa disposition par le « Guide » libyen, Mouammar Kadhafi, il ne cesse de souffler le chaud et le froid, alternant libérations « humanitaires » d’otages malades et menaces de reprise des hostilités contre l’armée malienne.

Agaly Alambo
Fondateur du Mouvement nigérien pour la justice, 44 ans, Niger
Ancien sous-préfet de la ville minière d’Arlit, il crée en février 2007 le Mouvement nigérien pour la justice (MNJ), un mouvement rebelle touareg qui lutte pour une meilleure redistribution des revenus tirés de l’exploitation de l’uranium au profit des populations du nord du pays. Récusant le statut d’irrédentiste touareg, Agaly Alambo assure que son mouvement a une envergure nationale.

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0, 0);">Jean-Pierre Bemba
Président du Mouvement de libération du Congo, 46 ans, RD Congo
Libéré ? Jugé ? Condamné ? Le sort de Jean-Pierre Bemba Gombo se jouera en 2009. Depuis le 3 juillet dernier, l’ancien vice-président de la RD Congo attend la décision derrière les barreaux du quartier pénitentiaire de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, où il a été transféré après un séjour de quarante jours à la prison Saint-Gilles, à Bruxelles. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, soupçonne ses troupes d’être coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ils auraient été commis en 2002 et 2003 en Centrafrique, pays voisin de la RD Congo, où les hommes de Bemba étaient venus prêter main-forte au président de l’époque, Ange-Félix Patassé. Sénateur de la province de l’Équateur, adversaire de Joseph Kabila à la présidentielle de 2006 et leader du premier parti d’opposition – le Mouvement de libération du Congo (MLC) –, Jean-Pierre Bemba est un gros poisson pour Luis-Moreno Ocampo. Jusqu’à maintenant, seuls des seconds couteaux avaient été arrêtés par la CPI, qui, depuis sa création, en 2003, n’a encore procédé à aucun jugement. Reportée à deux reprises, l’audience de confirmation des charges, qui décidera si un procès doit avoir lieu, est prévue pour janvier 2009.

Timane Erdimi
Leader du Rassemblement des forces du changement, 53 ans, Tchad
Timane le rebelle n’est autre que le fils du cousin du président tchadien, Idriss Déby Itno. Musulman élevé chez les jésuites de Beyrouth, l’ancien directeur de cabinet du chef de l’État dirige depuis trois ans une rébellion dans l’est du Tchad. Problème : il est zaghawa. Khartoum se méfie donc de ses attaches au Darfour. Mais le « Raspoutine du Palais » reste incontournable dans une solution négociée.

Joseph Kony
Leader de l’Armée de Résistance du Seigneur, 47 ans, Ouganda
Le chef de l’Armée de résistance du Seigneur survivra-t-il à 2009 ? En lutte depuis plus de vingt ans contre le régime de Kampala, on finirait par l’imaginer immortel. En octobre 2005, la Cour pénale internationale lançait contre Joseph Kony et ses lieutenants des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Des négociations de paix ont débuté en juillet 2006 à Juba (Sud-Soudan). En avril, puis en novembre 2008, Kony aurait dû se présenter pour parapher le traité né de ces pourparlers. Il ne s’est jamais montré – et ses hommes ont poursuivi leurs exactions dans le Nord-Est de la RD Congo. Du coup, le 13 décembre 2008, les forces armées ougandaises, soudanaises et congolaises ont pour la première fois lancé une attaque conjointe contre son camp dans la forêt de Garamba. Vraisemblablement, il serait toujours vivant. Mais aux abois. 

Laurent Nkunda
Président du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), 41 ans, RD Congo
Depuis la reprise des combats entre ses hommes et ceux de l’armée régulière, le 28 août, le général dissident est la plaie de la RD Congo. Ses attaques ont contraint près de 300 000 habitants du Nord-Kivu, cette région du nord-est du pays où le chef rebelle a établi son fief, à fuir leurs villages. Avec une dizaine de milliers d’hommes, dont des enfants, le mouvement de Laurent Nkunda, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), a plusieurs fois mis en déroute l’armée congolaise. Sa principale revendication : le retour au Rwanda voisin des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dont certains membres ont participé au génocide des Tutsis, en 1994, avant de se réfugier en RD Congo. Maniant les médias internationaux avec brio, se donnant des allures d’intellectuel et jouant les pasteurs évangéliques, Laurent Nkunda demeure toutefois dépendant du soutien militaire et financier du Rwanda, affirment des experts mandatés par l’ONU dans un rapport publié le 12 décembre dernier. Un soutien qui pourrait se tarir sous la pression diplomatique…

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Henry Okah
Leader du MEND, 42 ans, Nigeria
Dirigeant présumé du Mouvement d’émancipation du Delta du Niger (Mend), l’un des groupes de miliciens qui sabotent les installations pétrolières du Nigeria et enlèvent les employés des majors, Henry Okah – Jomo Gbomo pour ses compatriotes – devrait être jugé en 2009 pour trahison, terrorisme, possession illégale d’armes… Son procès devrait se tenir à huis clos.

Mohamed Ould Abdelaziz
Président du Haut Conseil d’État, 52 ans, Mauritanie
Que fera-t-il de ce pouvoir dont il s’est emparé par la force, au petit matin du 6 août 2008, en renversant le président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi ? Cinq mois après le coup d’État du général Mohamed Ould Abdelaziz, les Mauritaniens s’interrogent. Moustache épaisse et regard sévère, l’ancien commandant du Bataillon de la sécurité présidentielle (Basep) s’est engagé à libérer « Sidi », placé en résidence surveillée depuis le 6 août, avant le 25 décembre. Tout en affirmant avoir voulu « sauver la démocratie », il promet la tenue d’une élection présidentielle, mais aucun calendrier n’est encore fixé. Pourra-t-il s’y présenter ? Rien ne l’en empêchera s’il démissionne de l’armée.
Grâce à ses tournées dans les quartiers populaires et ses décisions de faire baisser les prix, le général est devenu, pour les plus pauvres, le « Chávez de la Mauritanie ». Mais un front de résistance, emmené par le président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, se démène pour faire échouer le coup d’État du 6 août et empêcher la Mauritanie de renouer avec le règne des militaires. Avec le soutien de la communauté internationale, qui agite les menaces de suspension de la coopération et de sanctions individuelles contre Ould Abdelaziz et ses proches.

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