Dans le maelström des crises régionales
Les années Lansana Conté
Sa position géographique n’a pas toujours été un avantage pour la Guinée. C’est dans les années 1990 que le pays a connu ses moments les plus difficiles, lorsqu’il a eu à subir les contrecoups des crises régionales dans lesquelles il a été impliqué de diverses manières.
D’abord en tant que terre d’accueil pour de nombreux réfugiés fuyant la guerre civile dans leur pays. Une situation que la Guinée a toutefois réussi à gérer, malgré les tensions avec les populations locales et les dégâts écologiques que cet afflux de population n’a pas manqué de provoquer. Les premières vagues ont été alimentées au cours des années 1990 par des ressortissants de Sierra Leone et du Liberia. Au début des années 2000, on estimait leur nombre à plus de 700 000, en majorité concentrés en Guinée forestière. Avec la normalisation de la situation dans les deux pays, une grande partie des réfugiés sont rentrés chez eux.
Rebelote en 2002. Fuyant la crise politico-militaire ivoirienne, plusieurs milliers de Maliens, de Burkinabè et d’Ivoiriens sont venus se mettre à l’abri en Guinée, principalement dans l’est du pays.
PILLAGES ET EXACTIONS
La Guinée a également servi de base arrière à diverses factions combattantes étrangères, dont le Front révolutionnaire uni sierra-léonais (RUF), le Mouvement uni pour la libération du Liberia (Ulimo) et le Front national patriotique du Liberia (NPFL). Évidemment, leur présence a étéun calvaire pour les populations locales et les réfugiés, qui ont eu à subir pillages et exactions.
Enfin, la Guinée a été impliquée dans les crises régionales en tant qu’acteur indirect. Soit en instrumentalisant certaines factions, comme l’Ulimo d’Alhaji Kromah, qui recrutait dans l’ethnie malinkée. Soit en déployant des contingents armés dans les pays voisins en crise pour, officiellement, participer aux efforts de rétablissement de la paix dans la région, mais surtout pour tenter d’anticiper un éventuel débordement des combats en territoire guinéen. C’est ainsi qu’en 1990 Conakry a livré des contingents aux forces de l’Ecomog chargées de défendre Monrovia, la capitale du Liberia, contre les poussées du NPFL et à chaque intervention de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la sous-région.
PLUS DE MILLE MORTS
La Guinée a également envoyé des troupes en Guinée-Bissau, conjointement avec le Sénégal, pour mater la mutinerie qui avait éclaté en 1998 après la destitution du général Ansumane Mané, chef d’état-major de l’armée.
En septembre 2000, l’implication indirecte de la Guinée dans les conflits adjacents a pris une tournure particulièrement dramatique. Venant de Sierra Leone et du Liberia, des éléments armés ont fait irruption en Guinée maritime et en Guinée forestière. Pour stopper leur avancée et éviter un embrasement général, la CEDEAO a déployé un contingent armé aux frontières du pays. Après plusieurs semaines de combats, l’armée guinéenne a fini par reprendre le contrôle de la situation. Mais le bilan fut lourd : plus de mille morts, des centaines de blessés, des dégâts matériels importants et des déplacements massifs de populations.
Les relations guinéo-libériennes sont restées extrêmement tendues jusqu’à la fin de la guerre, en août 2003. La sortie de crise libérienne a été l’occasion de consolider la paix dans la sousrégion et d’ouvrir la voie à une réconciliation entre les pays de l’Union du fleuve Mano (Guinée, Sierra Leone et Liberia). En mai 2004, le président guinéen
organisait d’ailleurs un sommet des chefs d’État de l’Union à Conakry.
Si ses relations politiques avec ses voisins se sont améliorées, la Guinée reste peu intégrée économiquement dans la sous-région. Bien que membre de la CEDEAO et de l’Union du fleuve Mano, elle ne fait pas partie de la zone franc, alors qu’elle est entourée de quatre pays – Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau – qui en sont membres.
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