Yes we can !

Ancien président du Mali et de la Commission de l’Union africaine

Publié le 14 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Que l’Amérique est enviable lorsqu’elle se pare des valeurs premières de générosité et de solidarité ! Que l’Amérique est belle lorsque sa jeunesse de toutes les couleurs, aux origines diverses, donne en ce jour historique du 4 novembre 2008 un sens à son éternelle quête de liberté et de changement ! Et c’est de cette Amérique-là que le monde se revendique.
La victoire de Barack Obama confirme que c’est la lutte qui paye, la longue lutte menée à travers les siècles par plusieurs générations d’Américains, d’Africains-Américains, au prix d’immenses sacrifices. Cette élection historique doit être porteuse d’espoir.
Barack Obama se doit de réussir, pour son pays, les États-Unis, pour le monde et singulièrement pour l’Afrique. Barack Obama doit aider les États-Unis à renouveler leur leadership, à réévaluer leur rôle impérial et à être plus exemplaires.
Barack Obama, citoyen américain, ne peut pas faire l’Afrique à la place des Africains. Seule une Afrique responsable, confiante en elle-même, libérée de son esprit d’assistanat et de certaines de ses valeurs rétrogrades qui privilégient les arrangements au mépris du droit peut ne pas « plomber Obama ».
L’Afrique a cependant besoin que l’Amérique affirme un autre multilatéralisme fondé sur la réforme du système des Nations unies et non sur l’élargissement d’un groupe comme le G8, fût-il puissant et informel, basé sur la cooptation. Justice doit être rendue à l’Afrique face aux institutions de Bretton Woods. Le développement du continent passe par la mise en valeur de ses ressources contrariée aujourd’hui par les fluctuations du cours des matières premières, les subventions agricoles, le culte du libéralisme et du marché sans limites.
Les États-Unis d’Amérique doivent aussi tenir leur engagement en matière d’aide publique au développement, de santé et de réalisation d’infrastructures. En ces temps de rareté des ressources, cela est-il possible sans la maîtrise des dépenses militaires, sans la taxation des transactions financières ?
Les Africains seront à la hauteur de l’événement historique qui est l’élection d’Obama s’ils continuent la lutte pour le renforcement de la démocratie, de l’État de droit, de la bonne gouvernance, s’ils mettent fin aux multiples conflits en veillant à ce que l’Afrique n’accueille pas de base militaire étrangère. L’autre apport du continent à la présidence d’Obama serait d’accélérer la construction des États-Unis d’Afrique et l’émergence de la communauté africaine.
Les Africains unis peuvent enfin accompagner Barack dans son dialogue avec le monde arabe – pour une solution juste du problème palestinien -, l’Amérique latine, avec entre autres la fin de l’embargo sur Cuba, suivant les recommandations du président Carter.
Le message de Barack Obama, fait de volonté et de détermination, doit aujourd’hui inspirer tous les Africains, notamment les jeunes. Il n’y a pas de fatalité. Yes we can, change we need.
Le combat de Barak Obama pour une autre Amérique est notre combat pour un autre monde.

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