Obama entre filles

Publié le 13 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Nous étions quelques copines à bavarder, et Obama était au centre de la conversation. Il ne fallait pas s’attendre à de grandes réflexions, c’étaient juste des propos de bonnes femmes. J’ai été la première à commenter, me sentant concernée au premier chef. Mes enfants sont de couple mixte, j’ai tout de suite vu mon garçon à l’Élysée : « L’avenir du monde est dans le métissage, ai-je fanfaronné. Nos petits ne seront plus traités de bâtards ni de race hybride, ils sont le gilet de sauvetage de l’humanité. »
J’avais oublié le caractère râleur de Françoise : « Ce serait autre chose si ton garçon se présentait dans un pays arabe. Il serait recalé faute de pouvoir exhiber ses certificats de souche… » « Vous, les Français, vous faites une fixation sur nos pays, a aussitôt répliqué Zohra. Regardez plutôt les bons exemples, pas les mauvais. »
Koumba est intervenue en s’adressant à moi : « J’espère que par “métissage” tu désignes aussi et, surtout, les Noirs. » Le ton n’a pas dû plaire à la Beurette Louisa, car elle a rétorqué : « C’est ça ! Vous pouvez vous pavaner maintenant, les Noirs ! Vous ravissez la vedette aux Kabyles et vous allez finir par vous prendre pour des maîtres. »
« Digne de la fille des anciens esclavagistes arabes ! » a fulminé la Sénégalaise. « Koumba a raison, s’est interposée Zineb, journaliste échappée des zévénements d’Algérie. Les Arabes, c’est fini, comme dit mon père, jamais ils ne se relèveront. Ils sont là pour emmerder le monde, rarement pour construire avec lui. » « Est-ce que tu inclus dans ces Arabes les Maghrébins de France ? » « Et comment ! Au Kärcher de l’Histoire les Maghrébins de France ! Le prochain ministre nommé par Sarko sera noir et certainement pas maghrébin. C’est moi qui vous le dis. »
«  Cessez donc de parler de couleur et d’ethnie, est intervenue Selma en rajustant son voile. Si l’Amérique a donné les rênes du pouvoir à un dénommé Hussein, c’est que, avant de voir en lui un Noir, un Arabe ou un métis, elle a vu le musulman. » Un lourd silence a suivi, interrompu par Soraya : « Les Arabes, les musulmans, les Noirs, ce n’est pas mon affaire ! Moi, je suis tunisienne et j’en veux vraiment à Barack Obama, parce qu’il a éclipsé notre 7 Novembre ! Il ne pouvait pas choisir un autre calendrier électoral ! » « Ah, ces Tunisiens, a soupiré Zohra, ils se prendront toujours pour le nombril du monde ! »
« Croyez-vous qu’il reviendra sur son engagement à propos de Jérusalem qu’il concède aux Israéliens ? » a prononcé pour la première fois Rachel. « J’espère que ce ne sont que des propos de campagne, a répondu Selma, car Hussein Obama… », « Barack, a corrigé Rachel, c’est un nom juif aussi… »
C’est à ce moment que nous avons vu débarquer nos hommes. « Bof ! Eux ou Barack », a soufflé Zineb. « Que veux-tu dire ? » avons-nous demandé d’une seule voix. « Ça ne changera rien pour les mégères que vous êtes, assez sottes pour oublier que toutes les femmes ont été battues dans la course à la Maison Blanche. Grosses dindes, va ! »

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