Mamadou Seck au perchoir
Un candidat de consensus succède à Macky Sall, évincé de la présidence de l’Assemblée nationale le 9 novembre dernier.
Mamadou Seck a repris, depuis le 16 novembre, le poste de président de l’Assemblée nationale, après la brutale éviction de Macky Sall sept jours plus tôt. Ce dernier a fini par payer son « outrage » : avoir demandé des comptes à Karim Wade, le fils du chef de l’État, sur la gestion de l’agence chargée du sommet de l’Organisation de la conférence islamique, en mars 2008 à Dakar. Sans avoir au préalable informé ce dernier de sa convocation.
Ironie de l’histoire, c’est Mamadou Seck qui présidait à l’époque la commission des finances, laquelle avait suggéré à la « conférence des présidents » de l’Assemblée de convoquer pour audition Karim Wade.
Interrogé par J.A. sur cet épisode, le nouvel occupant du perchoir, qui a depuis son élection toujours éludé la question, répond : « J’assume mon appartenance à la commission qui a initié la convocation. Mais dès que la conférence des présidents a statué et accepté d’y donner suite, ce n’était plus de notre responsabilité. Les formes que la convocation a prises, et qui ont pu choquer le chef de l’État, ne m’engagent pas non plus. Je n’ai jamais voulu régler le moindre compte avec le fils du président. » Pour lui, « l’initiative de la commission des finances a été dévoyée ».
Le nouveau président de l’Assemblée donne d’autant plus de gages que son mandat n’est plus que d’un an renouvelable depuis la réforme constitutionnelle qui a conduit à l’éviction de son prédécesseur.
À 61 ans, celui qui ruminait une certaine amertume depuis son départ du gouvernement, en février 2006, revient en première ligne. Dans un contexte de tension marqué par des tiraillements au sein de l’Hémicycle et du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir), Abdoulaye Wade a misé sur son caractère consensuel. Modéré, réservé, courtois, Mamadou Seck ne froisse personne, pas même dans l’opposition. Ce cadre n’a pas le profil type du politicien faisant carrière dans l’appareil des partis.
Diplômé d’économie, spécialiste de la finance et de la banque, il a fait ses études à Paris. Rentré au pays en 1977, il a occupé divers postes de direction, notamment à la Régie des chemins de fer. Après avoir longtemps milité à gauche, il a dirigé la liste du PDS à Mbao, dans la banlieue de Dakar, aux élections locales de 1996. Après la victoire de Wade en mars 2000, il est nommé ministre de l’Équipement, puis des Finances, et enfin ministre des Infrastructures et des Transports. Maire de Mbao depuis juin 2002, Mamadou Seck, faisant peu de cas de la séparation des pouvoirs, admet être à son poste pour « servir Wade ».
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- À Casablanca, la Joutia de Derb Ghallef en voie de réhabilitation
- Mali : ce que l’on sait de la disparition de Daouda Konaté
- En RDC, la nouvelle vie à la ferme de Fortunat Biselele
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la compagne de Tidjane Thiam sort de l’ombre
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la stratégie anti-fake news d’Alassane Ouattara