Davantage d’engrais pour le Maroc

Surfant sur une conjoncture favorable, l’OCP marocain a lancé un vaste plan de développement. Il se déploie dans l’industrie et affiche des ambitions au Togo.

Publié le 12 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Mines: Premières places mondiales à saisir
Issu du dossier

Mines: Premières places mondiales à saisir

Sommaire

Exactement deux ans après sa nomination à la tête de l’OCP, le PDG, Mostafa Terrab, lançait en mars dernier un ambitieux plan de développement pour le géant marocain des phosphates. Investir plus de 4 milliards de dollars pour pratiquement doubler la production dans les dix ans, de 30 millions à 55 millions de tonnes par an, mais aussi améliorer sa compétitivité face à une concurrence qui s’active, aiguillonnée par la hausse des prix. Conséquence de la forte hausse de la demande d’engrais pour les productions agricoles, le prix du phosphate a explosé à plus de 300 dollars la tonne cette année, alors que les cours restaient historiquement stables, autour de 100 dollars.
Mostafa Terrab réfléchit également aux axes de développement commercial. L’Office vend la plus grande partie de ses engrais en Asie, en Europe et en Amérique du Sud, mais son patron souhaite développer les activités en Afrique. C’est dans ce cadre qu’il s’intéresse au redressement de la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT), au bord de l’asphyxie. Selon nos informations, son offre fait partie, avec celles du français Roullier et de l’australien Getax, des trois propositions « sérieuses » à partir desquelles pourrait être choisi le futur partenaire stratégique de la SNPT. La société, qui a représenté jusqu’à 40 % des exportations du pays, a produit 800 000 tonnes l’année dernière, sept fois moins qu’il y a dix ans.
Au Sénégal, c’est en revanche la firme indienne Iffco qui a relevé le pari de sortir le groupe des Industries chimiques du Sénégal (ICS) du rouge. En janvier, après des années de discussions ponctuées de crises et de désaccords, elle a pris le contrôle à 85 % de ce qui fut le fleuron de l’industrie sénégalaise. Sa remise en route représente un défi titanesque, avec la prise en compte d’une dette de plus de 200 milliards de F CFA (480 millions de dollars) et la relance d’une production quasiment à l’arrêt depuis 2006. Les ICS comptaient alors pour 3 % du PIB du Sénégal et pour 10 % de ses exportations.
Le développement de l’OCP passe également par la multiplication des sites pétrochimiques afin d’assurer au Maroc une part grandissante de la transformation de roche en engrais. Dans ce domaine où la concurrence s’accroît (lire encadré), la plate-forme marocaine de Jorf Lasfar est au cœur des projets industriels de l’Office. Pour la plupart, ils seront menés dans le cadre de ­coentreprises. Actuellement, le brésilien Bunge, le belge Prayon, l’allemand SFB, le pakistanais Fauji et les indiens Tata et Birla exploitent déjà au Maroc quelque 8 millions de tonnes de minerais chaque année pour une production de 2,3 millions de tonnes d’acide phosphorique et de 3 millions de tonnes d’engrais. Reste à financer tous ces projets, pour lesquels l’OCP étudie plusieurs solutions, allant des emprunts à l’ouverture du capital. Le groupe peut à cet égard présenter des résultats plus que satisfaisants : il a réalisé 22,2 milliards de DH (3 milliards de dollars) de chiffre d’affaires à l’exportation en 2007, en hausse de 25,9 %… et autant au premier semestre de cette année.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Dans le même dossier

La crise, connais pas

Doubler la production d’uranium