José Eduardo dos Santos, un animal politique

Par nature plutôt discret, le chef de l’État angolais s’est mué en star des médias pendant la campagne des législatives. Et s’est positionné pour la présidentielle de 2009.

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

A pas de géant
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Depuis quelques mois, celui qu’on disait, au mieux, effacé et, au pire, sans charisme, a réussi à surprendre tous les observateurs politiques, faisant taire au passage les spéculations sur sa santé. En mai, après la 3e conférence nationale du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), José Eduardo dos Santos a en effet lancé une véritable offensive de charme envers la jeunesse, dont le vote est toujours incertain, et envers les femmes, qui composent désormais plus de 60 % de l’électorat angolais. Ce qui a le plus surpris, y compris dans l’opposition, c’est la rapidité et la radicalité de la transfiguration présidentielle.
« Je suis le joueur d’une équipe qui gagne ! » s’est-il exclamé le 29 août, devant des milliers de militants à Lubango. Entre l’homme taciturne, introverti, peu coutumier des grands gestes théâtraux – tout le contraire de feu Jonas Savimbi, fondateur de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) – et la star médiatique que l’on a vue pendant la campagne courir le pays au gré des inaugurations d’infra­structures publiques, il y a un monde. Mais il faut se rappeler que celui qu’on a surnommé « Zédu » (contraction de José Eduardo) a dû très tôt apprendre, tel un joueur de poker, à dissimuler ses émotions. Pour mieux grimper l’échelle du pouvoir…
Né en 1942 à Luanda d’un père maçon et d’une mère employée de maison, il devient d’abord, selon ses propres mots, une « vedette locale » en jouant du violon et du tambour dans son quartier. À 19 ans, révolté par la violence coloniale, il abandonne l’école et ses instruments de musique pour rejoindre, en exil, le MPLA. Il se rend d’abord à Brazzaville, puis à Kinshasa, où il s’occupe de l’organisation de la jeunesse du parti. En 1963, ce dernier l’envoie étudier en URSS, à Bakou, d’où il revient sept ans plus tard avec un diplôme d’ingénieur spécialisé dans les hydrocarbures et les télécommunications. L’éducation soviétique a renforcé en lui les qualités qui vont le faire remarquer : ­rigueur et organisation, sang-froid et discrétion.

Sa dernière bataille ?

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Après l’indépendance, en 1975, il est très proche d’Agostinho Neto (fondateur du MPLA et premier président de l’Angola), qui lui confie plusieurs postes ministériels importants (Relations étrangères, Plan…). À la mort de ce dernier, en 1979, il est propulsé à la tête du MPLA et de l’État par le numéro deux du parti, Lucia Lara, qui refuse le poste suprême parce qu’il est « métis et que ce n’est pas le moment ». De fait, une partie de l’élite blanche et métisse du nouveau parti-État pense que le technicien dos Santos n’est qu’une éphémère solution de transition. Vingt-neuf ans plus tard, l’avènement du multipartisme a eu lieu (1991), Jonas Savimbi est mort (2002), l’Angola est devenu la clé de voûte de l’équilibre régional… Et dos Santos est toujours en place. Prêt à recevoir l’onction démocratique de l’élection présidentielle de 2009.

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