Délocaliser en… France !

En se lançant sur le marché français, un entrepreneur tunisien choisit d’exploiter à son compte le savoir-faire de son pays dans la sous-traitance.

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Informatique: Solutions et services africains
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Informatique: Solutions et services africains

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BFI, pour Banque, finance et investissement. L’entreprise tunisienne, fondée en 1994, emploie plus de 250 collaborateurs, dont une soixantaine dans son centre de recherche et développement. BFI, dont le chiffre d’affaires frôle les 15 millions d’euros, réalise près de 70 % de ses ventes à l’export, et compte parmi ses clients BNP Paribas, la Société générale ou encore la Banque des États de l’Afrique centrale. En investissant le créneau de la monétique et en exploitant un vivier d’ingénieurs bien formés et créatifs, BFI a réussi une prouesse. Reste à savoir si le modèle servira d’exemple…
Car, en dépit du volontarisme gouvernemental, les acteurs tunisiens des TIC se cantonnent trop souvent à la sous-traitance, dans le sillage des 150 centres d’appels déjà installés dans le pays. De puissantes incitations à l’exportation, mises en place par le Centre de promotion des exportations (Cepex), existent cependant, comme les lignes de crédit couvrant jusqu’à 50 % des frais de voyages destinés à la prospection des clients étrangers.
Mohamed Ali Azzabi, 36 ans, jeune patron de Positif Tunisie, a choisi de tirer profit de ces aides pour partir à l’assaut du marché français. Forte d’une vingtaine d’employés, sa société figure dans le top 3 des « webagences » tunisiennes. Carrefour Tunisie, Fujitsu-Siemens ou le fabricant de meubles Frank Muller font partie de ses clients. « Même si notre chiffre d’affaires a quadruplé en quatre ans, le marché tunisien est trop étroit, explique son patron. L’année dernière, j’ai été « planté » par un client qui représentait 40 % de mon CA. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé la fragilité de notre situation et pris conscience de la nécessité d’aller chercher les clients à l’étranger et, dans notre cas, principalement en France. »

Tripler son chiffre d’affaires

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En lançant, en septembre, sa propre filiale à Paris, nommée Webexcellence (webexcellence.fr), Mohamed Ali Azzabi a en quelque sorte fait le chemin inverse des délocalisations : il s’est implanté sur le Vieux Continent pour contrôler ses circuits de distribution et ne pas rester à la merci de donneurs d’ordres étrangers versatiles. Il a fait ses comptes : en Tunisie, ses télé­prospecteurs lui reviendront à 2 400 DT mensuels, toutes charges comprises. En France, ils lui coûteraient 7 000 DT. L’avantage comparatif existe aussi pour les autres fonctions, mais il tend à s’effriter pour certains métiers, notamment les webmasters qualifiés. « Les salaires ont presque doublé depuis l’arrivée des sociétés étrangères. La mobilité s’est développée et les enchères montent. Par précaution, j’ai commencé à doubler mes postes, pour ne pas me retrouver dans l’incapacité d’honorer des commandes. »
Webexcellence pratiquera les prix du marché français, ce qui lui assurera des marges confortables. « Il n’y a pas de raison de brader notre savoir-faire. La différence, nous la ferons sur la qualité de nos prestations », conclut Mohamed Ali Azzabi, qui s’attend à tripler son chiffre d’affaires en 2009 si la phase de lancement est concluante. Réponse à la fin d’octobre.

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