Un modèle de sélection

La politique canadienne favorise l’établissement des immigrants « choisis ». Par tradition. Et, surtout, pour conserver une masse critique de travailleurs et de consommateurs.

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Québec accueille la Francophonie
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Québec accueille la Francophonie

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Deuxième plus grand pays du monde par sa superficie après la Russie, le Canada compte plus de 9 984 600 km2… et à peine 33 millions d’habitants. Seconde destination mondiale des migrations après l’Australie, il a accueilli 430 000 étrangers en 2007, dont 300 000 immigrants permanents. Le besoin de main-d’œuvre qualifiée se faisant sentir dans presque tous les secteurs (agriculture, mines, construction, santé, services…), les nouveaux arrivants, méticuleusement sélectionnés, se voient offrir de bons salaires et la possibilité d’acquérir la citoyenneté au bout de trois ans. Les files d’attente s’allongent : 900 000 demandes sont en instance au ministère fédéral de l’Immigration, le délai de réponse frisant désormais les dix-huit mois.

La course au recrutement

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Pionnier en la matière puisqu’il a, dès le début des années 1990, ouvert des bureaux de recrutement à l’étranger, le Québec est aujourd’hui confronté à de féroces compétiteurs, tant à l’échelle internationale qu’intrafédérale. Après Montréal, Toronto et Vancouver (dont le tiers de la population est désormais d’origine chinoise) attirent de plus en plus. Même l’Alberta, nouvel eldorado pétrolier, lorgne les francophones et ne manque pas d’arguments pour les faire venir, à commencer par la fiscalité : TVA provinciale nulle, imposition sur le revenu de 10 %, contre 24 % au Québec.
En vertu d’une entente passée en 1991 avec Ottawa, le Québec est entièrement maître d’œuvre de sa politique d’immigration. Il identifie ses besoins, sélectionne et se fixe un objectif annuel « qui est en constante augmentation. De 49 000 cette année, il passera à 55 000 en 2010 », explique Yolande James, la ministre québécoise de l’Immigration. Benjamine du gouvernement Charest (elle est née en 1977), cette avocate, fille d’immigrants caribéens, s’est vu confier ce portefeuille stratégique l’an dernier. Elle s’est donné pour priorité d’améliorer les conditions d’accueil des immigrants, venus pour la plupart de France, du Maghreb et d’Afrique francophone, même s’il n’y a pas de quotas par nationalité.
Surqualifiés, ils sont parfois sous-employés, en raison de problèmes de reconnaissance des diplômes, notamment en médecine. « La majorité des immigrants qui intègrent le marché du travail n’est pas concernée par cette difficulté, qui n’est propre ni au Québec ni au Canada, nuance la ministre. Partout les médecins étrangers ont du mal à exercer du fait des résistances des ordres professionnels. Mais nous ne voulons pas que ceux qui nous ont fait confiance se sentent floués. Il faut dialoguer et être pragmatiques. On a constaté que le taux de succès des médecins étrangers aux examens cliniques de validation des acquis stagnait aux alentours de 30 %, un chiffre anormalement bas. Nous avons mis en place un atelier préparatoire à l’examen, et le taux de réussite s’est envolé à 70 %. »

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