Paul Martin
Ancien Premier ministre du Canada
Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 1 minute.
Jeune Afrique : En tant que membre du Conseil canadien pour l’Afrique (CCAfrique), que pensez-vous de la présence des entreprises canadiennes sur le continent ?
Paul Martin : Les investissements miniers en Afrique, en forte hausse, se sont élevés à 14 milliards de dollars canadiens en 2007 (9,7 milliards d’euros), et cette tendance devrait se poursuivre. Pour exemple, Sherritt est l’opérateur et actionnaire principal (40 %) de l’ambitieux projet d’Ambatovy à Madagascar (nickel-cobalt-latérite), qui représente un investissement de 3,3 milliards de dollars canadiens (2,2 millions d’euros).
Cependant, dans les autres secteurs, les entreprises canadiennes sont bien trop frileuses. Il est logique qu’elles regardent d’abord vers les États-Unis et le Mexique, qui sont nos partenaires dans l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) et absorbent 85 % de nos exportations. Mais elles doivent s’ouvrir davantage aux nouveaux marchés, surtout en cette période de dégradation de la conjoncture en Amérique du Nord. Or l’Afrique regorge justement de ces nouveaux marchés.
Quels secteurs pourraient être porteurs ?
La construction, un domaine où SNC-Lavalin est déjà très active. Dans la finance, les banques britanniques sont en Afrique et y réussissent ; que font les nôtres ? Idem pour les télécoms : il n’y a aucune raison que nous soyons incapables de faire ce qu’a fait Mo Ibrahim avec Celtel. Les possibilités de business et de développement sont immenses, mais nous devons travailler en partenariat avec les Africains.
Vous plaidez pour un appui accru au secteur privé africain ?
Oui, mais je ne suis pas dogmatique. Il n’y a pas qu’une réponse aux problèmes que connaît l’Afrique. Elle a besoin d’investissements dans les infrastructures, l’éducation, la santé… Mais qui dit développement économique dit secteur privé fort, et le rôle du secteur privé africain est capital. Au final, c’est lui qui impulsera la dynamique vertueuse. Et je n’ai aucun doute sur ses capacités, car les Africains ont derrière eux une longue histoire d’entrepreneuriat.
