MBA : la bonne stratégie

Conseils pratiques aux candidats au fameux Master of Business Administration, véritable sésame pour les postes les plus attractifs. Un domaine où quelques formations africaines se révèlent compétitives.

Publié le 11 décembre 2008 Lecture : 5 minutes.

Emploi et Formation: comment gérer votre carrière
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Qui n’a succombé à la fièvre du MBA ? Étudiants ou jeunes actifs, tous rêvent de ce fameux diplôme, souvent qualifié de sésame pour atteindre plus aisément les sommets de sa carrière professionnelle. Adopté d’abord par les pays anglo-saxons, le Master of Business Administration (MBA) aborde en une ou deux années tous les domaines utiles à la conduite des affaires : finance, marketing, stratégie, management… Il n’est pas nécessairement spécialisé, même si certaines institutions proposent des approfondissements thématiques. Accessible parfois aux étudiants en fin de cursus, le MBA produit ses effets les plus bénéfiques lorsqu’il intervient après une première expérience professionnelle : deux à sept ans d’exercice d’un métier sont requis par la plupart des programmes. Les admissions se font le plus souvent sur dossier et entretien afin d’évaluer le parcours, la motivation et le projet des candidats.

Un atout pour les dirigeants

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Pour Loïc Sadoulet, professeur de l’Insead, près de Paris – le MBA de l’Insead est régulièrement classé parmi les meilleurs au monde par le Financial Times -, l’intérêt de cette formation réside dans sa dimension internationale : « C’est un modèle d’apprentissage par la diversité. » Un autre attrait réside dans les méthodes interactives d’enseignement, en lieu et place des cours magistraux. « Le professeur joue le rôle d’un chef d’orchestre pour animer la classe, cadrer l’analyse et ­coacher les étudiants dans leurs travaux », ajoute Loïc Sadoulet. Pour Mahmoud Triki, président-fondateur de la Mediterranean School Business (MSB) de Tunis, le MBA confère aux lauréats une ­grande ouverture d’esprit, qui leur permet « d’anticiper les nouvelles opportunités offertes par les changements d’un environnement professionnel en mutation continue ». Enfin, Joël-Éric Missainhoun, associé du cabinet de recrutement AfricSearch, confirme l’intérêt de ce type de formation dans une carrière : « Le MBA est un atout indéniable, surtout dans les postes de décision, les positions managériales de haut niveau. »
Ce diplôme fournit en outre une excellente occasion d’aller suivre des études à l’étranger. Dans l’absolu, une telle expérience est toujours recommandée. Mais rien ne sert de partir « sans projet très précis », recommande Bruno Ponson, directeur de l’École supérieure algérienne des affaires (Esaa). Encore moins si « la formation envisagée ne vous aide pas à améliorer votre “employabilité” », note Joël-Éric Missainhoun. Le MBA corrige évidemment ces défauts d’immaturité. Pour la destination, tout dépend des objectifs. Suivre une formation en finance à Londres ou à New York semble une bonne idée. Le Québec est aussi un point de chute séduisant car il allie culture francophone et environnement professionnel anglophone. Même avec le durcissement des procédures d’attribution des visas, la France reste un choix souvent plus « naturel ».
Sur le continent, de peur de les voir partir, beaucoup de firmes sont encore réticentes à accompagner les projets de MBA de leurs collaborateurs. « En France, financer un MBA peut être un moyen de garder un bon élément quelques années de plus. Dans nos filiales en Afrique, pour retenir les plus talentueux, nous mettons davantage en avant les possibilités d’évolution au niveau international », confirme Valérie Jouatel, DRH de France Télécom pour la zone Afrique, Moyen-Orient, Asie. Même discours chez Total, qui dispose de sa propre université d’entreprise et préfère offrir des formations internes à ses cadres. Face à de tels dispositifs, le candidat à un MBA devra se résoudre à financer lui-même sa formation.
La culture du MBA a cependant une longueur d’avance dans certains pays du Maghreb. On retrouve des titulaires de MBA dans le directoire de la compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) et du groupe ONA au Maroc, de Shell, Coca-Cola ou Manpower en Tunisie. Des programmes encore réservés aux PDG et à leurs adjoints, mais « qui s’ouvrent aux cadres à fort potentiel même s’ils n’occupent pas encore de postes de direction », confirme Tawfik Jelassi, doyen du MBA de l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC) de Paris. De son côté, Paul Mercier, associé du cabinet de recrutement Michael Page Africa, considère que le MBA représente une sorte d’assurance pour les entreprises qui cherchent des cadres locaux pour occuper d’importantes responsabilités : « C’est la garantie d’embaucher un cadre supérieur qui répond aux standards internationaux. » Sous réserve que le diplôme ait été obtenu dans une école bien cotée, précise de son côté Guillaume Ménager, chasseur de têtes chez Elzéar.

Quelle qualité en Afrique ?

Que penser, dans ces circonstances, des MBA proposés par plusieurs établissements sur le continent ? Sur les établissements que nous avons contactés, un seul a pu mettre en avant une accréditation AMBA. D’origine britannique, l’AMBA (délivré par l’Association of MBAs) est un label international qui, comme ses homologues européen Epas (de l’European Foundation for Management Development) et américain AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business), certifie la qualité des programmes MBA. En l’absence de tels éléments de référence, ce sera l’ouverture à l’international qui emportera la décision. Plusieurs écoles dispensent un MBA International Paris (MBA IP), résultat d’un partenariat avec les universités françaises de Paris-Dauphine et de la Sorbonne. C’est notamment le cas, en Algérie, de celui de MDI Alger, enseigné intégralement en anglais à partir de cette année. De son côté, l’Esaa offre un MBA reconnu entre autres par HEC et ESCP-EAP.
En Tunisie, c’est l’école d’ingénieurs Esprit qui délivre un MBA IP. La Mediterranean School Business présente une formation originale, dont les cours sont dispensés par des professeurs venus d’institutions de référence comme l’Insead ou HEC. Au Maroc, l’école Hassania des travaux publics de Casablanca accueille, grâce au soutien de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris, le seul MBA accrédité AMBA de notre sélection. Et c’est l’institut HEM de Marrakech qui propose la déclinaison marocaine du MBA IP.
Plus au sud, le Sénégal offre les ­seules formations d’Afrique subsaha­rienne que nous ayons retenues. Le programme de l’ISM, délivré en anglais depuis cinq ans, vise une accréditation européenne Epas dans les deux à trois ans. Le Cesag, deuxième acteur clé du pays, assure la seule représentation du MBA IP dans la sous-région. Au-delà de la qualité des formations proposées, le point faible de la plupart de ces ­écoles réside dans l’absence ou le manque d’envergure de leurs réseaux d’anciens élèves. Toutes doivent internationaliser leur présence pour offrir à leurs diplômés des contacts privilégiés en dehors des frontières nationales. C’est une condition incontournable pour s’installer parmi les meilleurs MBA d’Afrique.

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