Des bienfaits de la crise
Les taxes ont été allégées, mais pas les frais de transport. Le moindre aliment importé étant devenu inabordable, l’État et les consommateurs privilégient les productions locales.
Mobilisation contre la vie chère
Pour Laurent Sédogo, le nouveau ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, aucun doute : « C’est un mal pour un bien. Cela doit nous rappeler à l’obligation de privilégier les productions locales. » Malgré ses conséquences sur le budget des ménages et celui de l’État, la crise est riche d’enseignements. En augmentant le prix des importations et en raréfiant certains produits sur les marchés, elle a rendu plus que nécessaire la relance des productions locales.
Stratégique, la filière riz est la première à bénéficier de cette prise de conscience salutaire. Sur le modèle de l’« Initiative riz » lancée par le Mali, l’objectif du gouvernement de doubler les rendements en deux ans est d’ores et déjà atteint. Et même dépassé. Alors que les prévisions de la campagne 2008-2009 tablaient sur l’ensemencement de 55 000 hectares pour une production attendue de 200 000 tonnes (contre moins de 115 000 tonnes l’an dernier), le seuil des 95 000 hectares est déjà franchi, avec de très bonnes récoltes, notamment dans la vallée du Sourou, du Kou et autour de Bagré (nord-ouest du pays).
Victoire sur le front céréalier
De fait, la production du riz paddy devrait excéder les 260 000 tonnes initialement prévues. De quoi couvrir les trois quarts de la demande nationale. Pour en arriver là, l’État a fortement appuyé le monde paysan. Une enveloppe de 7 milliards de F CFA (10,7 millions d’euros) a été consacrée à la distribution de semences gratuites, à la subvention d’intrants et à la formation du monde rural. Si une telle tendance se poursuivait, le Burkina pourrait, d’ici quelques années, exporter du riz dans la sous-région. En outre, 500 000 hectares peuvent être mis en valeur. « La production dépend directement du soutien aux agriculteurs. Le riz prouve que nous pouvons apporter une réponse rapide aux questions du moment », souligne Laurent Sédogo.
L’autre motif de satisfaction, qui permettra de mieux amortir la flambée des prix, est la bonne campagne céréalière. Avec 3,73 millions de tonnes, la production de la campagne 2007-2008 a augmenté de 2 % par rapport à la précédente. Malgré un déséquilibre territorial (20 provinces sur 45 sont déficitaires), l’ensemble de la production céréalière au niveau national est supérieur à la demande. En tête des récoltes, le sorgho, qui continue de dominer avec 1,61 million de tonnes produites, suivi du mil (1,1 million de tonnes) et du maïs (879 000 tonnes). Et, alors que les prévisions pour la campagne 2008-2009 tablent sur 4,1 millions d’hectares emblavés, cette superficie est déjà dépassée.
Relance de la filière coton
Principale recette à l’exportation du pays, la production cotonnière repart également à la hausse, après deux campagnes ternes aux cours desquelles le Burkina avait perdu son rang de premier producteur en Afrique.
La position de la Sofitex (Société burkinabè des fibres textiles) a été renforcée à travers une augmentation de capital de 12 milliards de F CFA. L’État a par ailleurs annulé 50 milliards d’arriérés de paiement de campagne. Il a aussi débloqué 10 milliards de F CFA, correspondant au portage des parts du groupe Dagris (actionnaire de la Sofitex, cédé au consortium Geocoton). Trois autres milliards de subventions ont également permis de supporter les coûts de transport des engrais. Au total, en 2007, plus de 89 milliards ont été injectés pour soutenir la filière. La production attendue pour 2007-2008 avoisinera les 500 000 tonnes. Ce sera la plus importante, cette année, sur le continent.
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