Enfidha, décollage en rase-mottes

Annoncé comme un investissement majeur pour le pays, le nouvel aéroport démarre doucement. Entré en exploitation à la fin de l’année dernière, il n’a accueilli que 28 000 passagers entre janvier et avril.

La construction du premier terminal a coûté 295 millions d’euros. © DR

La construction du premier terminal a coûté 295 millions d’euros. © DR

Publié le 15 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

À quelques semaines d’une saison touristique importante pour la Tunisie, l’aéroport d’Enfidha-Zine-El-Abidine-Ben-Ali, entre Tunis et Sfax, a bénéficié d’un coup de projecteur lors de l’arrivée de l’équipe de France de football pour un match amical, le 30 mai. Résolument moderne, tout de verre et d’acier, le nouvel équipement est entré en exploitation très discrètement, avec un premier vol Tunisair en provenance de Bilbao, le 4 décembre 2009. L’aéroport, dont la réalisation et la gestion ont été confiées, par appel d’offres, au turc TAV Airports Holding Company, a seulement accueilli 28 000 passagers de janvier à avril 2010. Détail significatif : dans l’esprit de beaucoup de Tunisiens, il n’était même pas opérationnel. Son inauguration officielle, initialement prévue le 7 novembre 2009, avait été reportée au mois d’avril.

« Le grand public confond inauguration officielle et mise en service : beaucoup de projets sont inaugurés bien après leur mise en fonction. Depuis plus de six mois, l’aéroport reçoit aussi bien des vols réguliers que des charters », rétorque Ersel Goral, directeur général de TAV Tunisie, filiale du groupe turc. Selon lui, Tunisair, Nouvelair, Sky Work Airlines, Jetair Fly, Thomas Cook Belgium et Scandinavian Airlines relient déjà Enfidha à l’Europe et à la Turquie.

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Une convention entre Tunisair et TAV Tunisie prévoit un minimum de 300 vols charters sur Enfidha durant l’été 2010, ce qui demeure très en dessous de la capacité de l’aéroport. La compagnie nationale est à la fois le premier et le meilleur client de TAV Tunisie. Pour autant, le conseil d’administration du transporteur hésite encore à déplacer des vols réguliers sur Enfidha. En cause : les coûts trop élevés d’immobilisation, de maintenance et de mise en service des appareils, imposés par l’aéroport. « Les services au sol pour les avions et d’assistance en escale ne sont pas plus coûteux que ceux d’autres aéroports internationaux », se défend Ersel Goral, sans pour autant comparer avec l’aéroport de Tunis. Et le directeur général de préciser que la construction du complexe a créé près de 2 200 emplois directs et que l’exploitation en générera 1 200. Signe d’un bon démarrage, « tous les locaux ont été loués », ajoute-t-il. Ce qui ne paraît pas si évident lorsqu’on déambule dans l’aéroport…

Le groupe turc dispose d’une concession jusqu’en 2047, qui permet à TAV Tunisie d’exploiter le site d’Enfidha mais également l’aéroport de Monastir, dont la capacité d’accueil est insuffisante pour les 4 millions de passagers qu’il draine chaque année. L’aérogare d’Enfidha, d’une superficie de 90 000 m2, doit, dans un premier temps, accueillir les vols charters et désengorger Monastir en prenant en charge 2,5 millions de ses passagers en 2010. Ce n’est que dans un deuxième temps que le nouvel aéroport recevra les vols réguliers de British Airways, Air France, Qatar Airways et Tunisair. Reste que, dans le monde du transport aérien, beaucoup pensent que la compagnie nationale n’est pas très pressée de voir se mettre en place cette seconde étape de développement.

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