Courrier des lecteurs

Publié le 31 août 2008 Lecture : 6 minutes.

Darwich oublié du Nobel
– Mahmoud Darwich, le grand poète palestinien, est mort. Vive son uvre dense, humaine et humaniste. C’était un éternel écorché vif qui vivait très mal la douleur de l’exil et l’humiliation de sa Palestine chérie asservie par un joug colonial d’une cruauté primitive.
Ce qui a enfanté des poèmes d’une extrême beauté et de portée universelle. Pour moi, « Inscris : je suis arabe » restera son poème le plus intense, le plus tragique et le plus populaire. Darwich méritait sans aucun doute le prix Nobel de littérature. Pourquoi le jury de Stockholm l’a-t-il oublié ? Paix à ton âme, Grand frère !
Maya Neji, Melloula, Tunisie

Allégeance ambiguë
– J’ai lu avec grand intérêt l’excellent papier sur la laïcité au Sénégal (J.A. n° 2483-2484). J’en retiens notamment l’affirmation du Pr Iba Der Thiam, historien et premier vice-président de l’Assemblée nationale, selon laquelle « le chef de l’État est un talibé mouride. Il n’y a rien d’anormal à ce qu’il s’incline devant le khalife ». Personne au Sénégal ne penserait à contester ce droit au citoyen-talibé Me Abdoulaye Wade.
Ce qui choque, par contre, c’est la façon ostentatoire avec laquelle, devant les caméras de la télévision nationale et d’autres organes de presse, il accomplit ce geste d’allégeance en sa qualité de chef de l’État, alors que cela devrait se faire discrètement entre talibé et guide religieux. Nombreux sont les Sénégalais qui pensent que le chef de l’État s’incline devant son khalife non pas par respect pour ce dernier, mais à des fins politiques.
Ses prédécesseurs ont toujours fait preuve d’une grande discrétion par rapport à leur conviction religieuse, cela par respect pour la République et l’ensemble des citoyens sénégalais, toutes religions et confréries confondues, qu’ils représentaient.
Abdoulaye Vilane, membre du bureau politique du Parti socialiste et talibé mouride, Sénégal

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Incorrigible Mugabe
– J’approuve la réflexion du Pr Albert Tévoédjrè sur le Zimbabwe (J.A. n° 2482). Celui-ci propose de créer la fonction de président-fondateur de la République pour Robert Mugabe et de confier le pouvoir exécutif à un président de la République démocratiquement élu. Mais je m’interroge : est-ce que les honneurs et les privilèges sont les seules choses qui intéressent Mugabe ? Pourra-t-il se résigner à ne plus nommer et révoquer, au gré de son humeur et quelles que soient leurs compétences, les hommes qu’il veut aux fonctions voulues ? Qui peut évaluer l’appétit et la part de gâteau d’un président qui, comme le défunt Mobutu, exerce le pouvoir pendant plus de trente ans ?
Patrick Tchicayat, Sevran, France

Qui aide l’Afrique ?
– Les pays riches souhaitent (bien timidement) contribuer au développement des pays en devenir, ce qui multiplierait leurs acheteurs potentiels. En fait, ils font tout pour le freiner. Non seulement ils exploitent au maximum et épuisent les richesses de ces pays en réalisant d’énormes bénéfices, mais ils refoulent comme des malfaiteurs les malheureux rescapés d’un passage ruineux et dangereux vers l’Eldorado. Sans compter qu’ils attirent (avec l’immigration choisie) les élites et les cadres dont ces pays ont tant besoin et qui, ayant goûté au « bien-être », refusent de rentrer au pays, mal préparé à les recevoir Tout cela retarde le développement du continent.
Les Chinois veulent apparaître comme les grands bienfaiteurs de l’Afrique. En réalité, ils reproduisent le mercantilisme des pays coloniaux, qui achetaient à bas prix les matières premières et empêchaient la création d’industries locales de transformation, se réservant ces dernières Enfin, les aides, trop souvent détournées, entre autres pour faire la guerre, devraient servir aux jeunes Africains décidés à prendre en main le vrai développement de leur pays malgré le difficile chemin, celui de la longue et courageuse montée vers les « dragons ».
Fr. Castang, Athis-Mons, France

Il faut vulgariser l’islam
– L’admirable interview d’Abdelmajid Charfi (J.A. n° 2483-2484) aurait pu s’intituler « Le message des prophètes a été dévoyé. » Je pense que la réflexion sur l’islam échappera au contrôle rigide des fuqahâ lorsque cette religion sera vulgarisée, à l’instar d’une autre religion dont le livre, la Bible, est aujourd’hui traduit, partiellement ou totalement, en plus de 150 langues. Cette floraison de traductions fait l’une des forces de la pensée chrétienne, puisqu’il est établi que chacun pense d’abord dans sa propre langue. Or aucune pensée ne peut être totalement captive, car chacun de nous est libre en son âme, même dans une geôle, une église ou une mosquée. Quel ouléma égyptien, uniquement arabophone, pourrait en effet orienter la pensée d’un croyant d’Amérique du Sud qui ne serait qu’hispanophone ? J.A. devrait nous livrer plus d’interviews de ce genre.
Cyprien Kibangou, Abidjan, Côte d’Ivoire

Le Cap-Vert ignoré du Larousse
– Africains mes frères et surs, qui fera notre boulot à notre place ? Dans le dictionnaire Larousse 2008, pour des raisons que je ne voudrai jamais comprendre, ils ont mis la carte de l’Afrique sans le Cap-Vert. En plus, à la page 1208, ils ont placé un Caravage et une vue de Caracas à la place de la carte de cet archipel lusophone, qui est pourtant un État exemplaire du continent. Idem pour São Tomé e Príncipe dont la carte a été remplacée par celle de la Haute-Saône, un département de la France. Et ce n’est pas tout. Les présidents de ces deux États, Pedro Pires et Fradique de Menezes, n’ont pas leurs noms dans cet outil de culture. Et ne parlons pas des noms d’autres chefs d’État africains. Et j’ai fait bien d’autres constats de ce type. Africains, réveillons-nous !
Aldo Akpaka, Cotonou, Bénin

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Hayatou, ou la soif du pouvoir
– Ce n’est plus un secret dans notre petite cité : depuis mon mariage avec une ressortissante de Yaoundé, j’ai pour le Cameroun les yeux de Chimène pour Rodrigue et le respect du fils pour son père qu’il chérit. Ainsi, lorsqu’une fine plume de J.A. nous fait quatre pages sur l’inventaire du fonds de commerce d’Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (CAF) depuis plus de vingt ans (J.A. n° 2465, pp. 60-63), je ne puis que le lire et annoter certains passages qui, à eux seuls, résument l’homme.
J’ai pour ma part pisté des années durant ce prince coutumier dont le nom a lui seul est un sésame au pays des lions, l’un de ses frères, Sadou Hayatou, ayant été par le passé Premier ministre. Même en passant par son secrétariat du CIO à Lausanne (Suisse), il n’a jamais été répondu à ma demande, somme toute banale, de prise de photos. Puis ce fut sa candidature contre celle de l’actuel président de la Fédération internationale de football association (Fifa), le Suisse Sepp Blatter. Candidature que l’ancien gardien des Lions indomptables Joseph-Antoine Bell a qualifiée de « pas africaine, mais individuelle », n’ayant pas reçu le soutien de l’assemblée générale de la CAF !
Christian Schnyder, Peseux, Suisse

Une photo qui parle
– La photo qui illustre l’article intitulé « Angola. Les nouveaux colons chinois » (J.A. n° 2477) est éloquente à plus d’un titre.
L’ouvrier est le seul en train de travailler. Il brandit un outil, en l’occurrence une perceuse électrique, et non une arme, fusil ou machette, comme on en voit trop souvent dans cette région du monde. L’ouvrier chinois est assis à même la voie ferrée. Le jeune garçon noir, en revanche, est posé sur un tissu rouge, comme s’il craignait de se salir.
Puissent les Chinois nous insuffler l’amour du travail, l’ardeur dans l’exercice et le culte du résultat !
Afif Maghri, Guellala, Tunisie

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