Courrier des lecteurs

Publié le 30 novembre 2008 Lecture : 4 minutes.

L’Afrique dans la gouvernance mondiale
– Dans son « Ce que je crois » intitulé « Il faut tuer Bretton Woods » (J.A. n° 2495), Béchir Ben Yahmed souhaite plus de participation des Africains dans les décisions importantes du monde. Ce qu’il semble ignorer c’est que, depuis toujours, le pouvoir se paye et ne se reçoit pas au nom de la justice sociale ou de l’aide au développement.
Au lieu de se plaindre et d’accuser les « Occidentaux » de racisme, pourquoi ne pas dire la simple vérité pour entamer les vrais débats, pour renforcer la confiance en soi des Africains et leurs réseaux d’alliance locaux ? Sinon, je crains que l’amélioration du sort de l’Afrique ne continue de dépendre de l’Occident, au lieu de dépendre de leurs propres chefs ou de leurs intellectuels (comme B.B.Y.).
Peter van Dijk, Toulouse, France

Réponse : Merci de votre réaction à mon éditorial « Tuer Bretton Woods ».
Je pense que vous m’avez mal lu : à aucun moment je n’ai écrit ou pensé qu’il fallait augmenter la participation africaine. D’autres que moi, des chefs d’État africains, l’ont dit et écrit. Je ne partage pas leur point de vue.
J’ai dit :
1) que l’Europe est surreprésentée ;
2) que les trois pays de l’Amérique du Nord y sont ;
3) que l’Asie, quatre fois plus peuplée que l’Europe ou les Amériques, n’a, comme eux, que cinq représentants ;
4) que l’Arabie saoudite n’a pas d’autre qualification que son pétrole et la « modération » de ses dirigeants.
Je ne me suis pas plaint, je n’ai pas accusé l’Occident de racisme : c’est votre interprétation erronée d’un texte que vous avez lu avec des lunettes colorées.

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Il faut tuer plus que Bretton Woods
– « Il faut tuer Bretton Woods », affirme Béchir Ben Yahmed dans « Ce que je crois » (J.A. n° 2495). Mais pour le remplacer par quoi ? Par un G14, un G20, un G25 ou un G30 plus représentatif du monde, comme conclut si bien l’édito de B.B.Y. ?
Le système de Bretton Woods repose sur un groupement de pays qui, même plus large, obligera par sa puissance les autres à le suivre. La crise ne sera porteuse d’espoir qu’en imposant une révision totale du système financier et économique qui nous régente actuellement. Les différents « G » ne seront en rien représentatifs tant qu’ils tourneront autour de l’ancien système, avec pour leaders les États-Unis, l’Europe ou même l’un des pays émergents.
Ossepé Eugène Dioulo, Treichville, Côte d’Ivoire

L’audace d’espérer
– Les crises que le monde traverse actuellement auraient imposé qu’à la tête de la nation la plus puissante du monde un homme « blanc » apportât les solutions. Mais, au grand dam de tous, c’est un homme noir qui a été élu, de façon brillante. Ainsi, le paradigme qui veut qu’on attende tout des Blancs est dépassé. Chaque homme porte en lui les germes de la réussite, et la prospérité d’un peuple ne dépendra jamais que de la foi de ses membres en leur potentiel et de leur capacité à ne plus reproduire des recettes qui ont échoué.
La victoire de Barack Obama ouvre une nouvelle ère et démontre que le changement peut être opéré. Pour nous autre Africains, c’est une leçon et un exemple ! Nous devons arrêter de nous entretuer pour quelques biens matériels ou pour l’illusion de posséder un quelconque pouvoir. Ainsi, si les Blancs d’Amérique autrefois esclavagistes ont passé le flambeau à ce Noir, fils d’immigré, pourquoi nos présidents, eux, ne pourraient-ils pas aussi le faire ?
La victoire d’Obama est une leçon, à nous de savoir en tirer profit. Il vient de nous apprendre que, par-dessus tout, il faut avoir l’audace d’espérer.
Paul-Éric Nana, Paris, France

Yes, we can
– L’élection de Barack Hussein Obama à la tête du pays le plus puissant du monde, les États-Unis d’Amérique, constitue à mes yeux une volonté divine. Malgré le charisme et le talent d’orateur évidents d’Obama, son parcours politique n’a été connu que récemment. Et peu de monde aurait parié sur ce métis dont le père était originaire d’un petit village kényan.
Le Kenya fut, comme la plupart des pays d’Afrique, victime de la traite négrière, chapitre le plus sombre de l’histoire du continent. Plusieurs générations d’hommes et de femmes ont combattu pour s’affranchir. Et les larmes du révérend Jesse Jackson, après le 4 novembre, en disent plus que des longs discours. Toutes les morts, toutes les souffrances ne pouvaient rester vaines. L’élection d’Obama est un événement historique majeur, salué dans le monde entier.
Aujourd’hui, le fils d’un Africain va diriger la première puissance mondiale avec sa lady, Michelle, descendante d’une famille d’esclaves.
Ce changement, impensable il y a quelques années, devrait permettre de solder la dure période de la ségrégation raciale, des affrontements interraciaux et des injustices. Il est révélateur d’une véritable révolution des mentalités et apporte un message d’espoir pour le continent.
Aboubacar Dione, employé à J.A.

RD Congo : la paix à quel prix ?
– L’Histoire se répète. Et particulièrement en République démocratique du Congo. En 1960, Lumumba défie la Belgique par son franc-parler. Il meurt assassiné en 1961. Mobutu succède à Kasa-Vubu en 1969 et meurt après avoir poussé le contentieux belgo-congolais à son paroxisme. Laurent-Désiré Kabila est assassiné après avoir dénoncé les contrats signés avec des consortiums miniers américano-canadiens. Joseph Kabila s’ouvre aux Chinois, tourne le dos aux Américains et à l’Europe. Et maintenant, la guerre au Nord-Kivu arrive. C’est à croire que la paix en RD Congo ne pourrait passer que par un asservissement du peuple congolais !
Cette guerre a déjà fait trop de morts. En faut-il plus encore pour que les consciences s’éveillent ?
Floribert Okitondjo, Grigny, France

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