Quel avenir pour Kaduna ?

Publié le 30 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

L’usine de Kaduna ne produira que 3 000 Peugeot 406 en 2006, alors qu’elle frôlait les 100 000 unités en 1981. À l’époque, le marché automobile nigérian pesait 180 000 véhicules
neufs par an, dont 160 000 montés localement par Peugeot, Volkswagen, Leyland ou Mercedes. Aujourd’hui, il a chuté à 20 000 véhicules neufs. Ce repli n’est guère propice au souhait affiché par le président Obasanjo : privatiser les quatre unités de production qui constituent l’industrie automobile du Nigeria. Toutes sont bâties sur le même moule : une co-entreprise entre l’État et un constructeur. Le capital de Peugeot Automobile Nigeria est ainsi réparti entre Peugeot (40 %), l’État (35 %), les provinces de Kaduna et de Katisina (10 % chacune) et des banques (5 %).
Mais aux yeux des constructeurs, l’intérêt économique des usines d’assemblage a décru au fil des années : baisse des protections douanières et des coûts de transport, automatisation croissante. Aujourd’hui, une usine locale d’assemblage n’est guère viable en dessous de 50 000 voitures par an et d’une surtaxe douanière de 30 % pour les véhicules
neufs importés. Autrement dit, un modèle assemblé dans une usine de montage coûte 30 %
de plus que le même modèle issu d’une usine de production européenne. Dès lors, l’équilibre de l’usine de Kaduna est lié aux taxes douanières fixées par le gouvernement. Un sujet dont celui-ci pourrait être amené à se désintéresser en cas de privatisation. On
devine donc que Peugeot n’a guère intérêt au désengagement de l’État.
Pour préserver les 1 200 emplois de l’usine de Kaduna après la baisse de production due à l’arrêt quasi simultané du montage des 504 et des 306, le gouvernement nigérian a passé commande de 10 500 Peugeot 206 et 307 destinées à l’administration. Importées d’Europe,
elles passeront par Kaduna afin de subir les modifications nécessaires à leur usage en Afrique. Mais au-delà, seule l’arrivée de la Peugeot 307 sur ses chaînes semble à même de garantir l’avenir de l’usine. Ce modèle est au cur des négociations entre Abuja et Peugeot. Car l’intérêt économique de l’assemblage de la 306 à Kaduna dépend d’autres facteurs que la reprise du marché intérieur : taux des barrières douanières, éventuelles
commandes de l’État. Et le temps commence à presser, car entre la prise de décision et la sortie d’un nouveau modèle des chaînes d’une usine d’assemblage, le délai est long : environ dix-huit mois.

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