Le général Diarra : un officier toujours sur le front de la paix

Publié le 30 octobre 2005 Lecture : 3 minutes.

Pour la seconde fois en sept ans, la haute fonction publique malienne perd l’un de ses plus brillants éléments dans un accident d’avion. Après la mort dans un crash d’Alioune Blondin Beye, le représentant spécial des Nations unies en Angola, le 25 juin 1998, en Côte d’Ivoire, le général Cheick Oumar Diarra s’est éteint dans des circonstances identiques au Nigeria. Apprécié par tous, le secrétaire général adjoint de la Cedeao laissera un grand vide dans les rangs de l’institution, bien sûr, mais également dans les différentes enceintes de discussion sous-régionale.
La gorge nouée, ses proches collaborateurs éprouvent la plus grande difficulté à évoquer le souvenir de leur collègue et ami. Ses camarades militaires, un peu moins émotifs, insistent, eux, sur ses qualités : intelligent, affable, courtois, clairvoyant, perfectionniste et rassembleur.
Ironie du sort, le général Diarra se passionnait pour les avions. Né le 30 janvier 1944 à Markalla, dans la région de Ségou, celui-ci a très vite opté pour une carrière militaire. Après son passage par l’École interarmes de Kati entre 1964 et 1969, il poursuit son cursus à l’étranger et obtient un diplôme d’ingénieur d’aviation à l’Académie militaire de Kiev (Ukraine). Numéro deux du ministère malien de la Défense, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air, directeur de la police nationale, Diarra participe en 1991, avec Amadou Toumani Touré, au renversement du régime de Moussa Traoré et devient ministre des Transports dans le nouveau gouvernement de transition.
En 2000, il est nommé ambassadeur itinérant du Mali auprès de la Cedeao, dont il deviendra le secrétaire exécutif adjoint chargé des affaires politiques, de la défense et de la sécurité. Négociateur infatigable, il était en première ligne dans les différentes médiations menées en Côte d’Ivoire, au Togo et au Liberia…
Le général Diarra a également joué un rôle important dans le processus de coopération militaire initié par la France avec plusieurs pays africains, le programme Recamp (Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix), dont le dernier exercice a eu lieu au Bénin il y a un an, en partenariat avec la Cedeao. Il fut, par ailleurs, l’un des artisans du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance signé en décembre 2001, à Dakar, par les membres de cette organisation. Hélas ! il ne verra pas l’entrée en vigueur de son texte, alors que le Togo vient de l’adopter, apportant ainsi la neuvième ratification nécessaire à son application.
Avec ce décès, c’est enfin le monde sportif malien qui perd une éminente figure, le général Diarra ayant occupé, entre 1985 et 1988, le poste de président de la Fédération malienne de football (FMF). L’homme laisse derrière lui une veuve et six enfants. Le chef de l’État malien Amadou Toumani Touré a présenté les condoléances les plus attristées de la nation entière à la famille de son compagnon d’armes.
La Cedeao a également perdu dans le crash son directeur des finances, Emmanuel Quaye, et Peter Mann Andreas, un consultant allemand. Le secrétaire exécutif, Mohamed Ibn Chambas, a fait part de sa douleur aux familles des victimes et supervise le rapatriement des dépouilles. Le 27 octobre, aucune date n’était encore arrêtée pour les funérailles. Les responsables de la Cedeao sont confrontés à de grandes difficultés dans le processus d’identification des corps, l’explosion et le crash de l’avion de Bellview Airlines ayant complètement disloqué l’appareil et les corps.

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