L’après-Nujoma

Publié le 30 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Quinze ans après avoir gagné son indépendance, la Namibie a fait son entrée dans le club des démocraties en élisant un nouveau président. Au mois de novembre 2004, Sam Nujoma, le « père de la nation », a tiré sa révérence pour laisser le peuple namibien choisir son successeur par les urnes. Aujourd’hui, c’est donc Hifikepunye Pohamba, le deuxième président namibien, qui est au pouvoir. Lunettes noires et barbe grisonnante, septuagénaire au look d’ancien combattant nationaliste, cofondateur du mouvement de libération, la Swapo (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain)… Un air de déjà-vu, en quelque sorte.
Les parcours de Pohamba et de Nujoma présentent des similitudes troublantes. Issus de la même génération (ils ont six ans de différence), de la même ethnie majoritaire au nord du pays (les Ovambos), du même mouvement politique, ils ont activement participé à la prise du pouvoir par leur parti en 1990. De quoi forger une forte complicité.

Lorsque Nujoma devient président de la Swapo et qu’il se lance dans la lutte armée clandestine en 1960, Pohamba achève ses études dans une mission anglicane non loin de la frontière angolaise. Il s’engage lui aussi et milite dans le syndicalisme. Sa participation à la création de la Swapo lui vaut d’être arrêté puis fouetté publiquement. Il s’exile alors en Rhodésie, d’où il sera expulsé un an plus tard vers son pays d’origine. Emprisonné encore, puis assigné à résidence, Pohamba finit par se réfugier en Angola, où il anime le bureau de la Swapo à Luanda. Il voyage en Afrique et participe à la reconnaissance par les Nations unies de son organisation comme seul représentant de la Namibie, en 1968. Aux côtés de Sam Nujoma.
Les deux hommes ne se quittent plus, et Pohamba reste dans l’ombre de son aîné. Tous deux exilés, combattants d’une armée de libération qui ne parviendra jamais à conquérir le moindre arpent de terre, Nujoma et Pohamba réussissent pourtant l’exploit d’amener la Namibie à l’indépendance le 21 mars 1990 sans jamais avoir vaincu militairement.
On ne leur connaît pas de divergences fondamentales, ils travaillent main dans la main. Pendant que Nujoma reçoit les honneurs de président, Pohamba prend le portefeuille de l’Intérieur, un poste clé. En toute logique, il devient vice-président de la Swapo en 2002. La route est tracée.
Hifikepunye Pohamba est-il le clone, le dauphin ou l’héritier de son mentor ? Sans doute un peu des trois à la fois. Sam Nujoma a quitté le fauteuil présidentiel mais pas la présidence de la Swapo, qui détient 55 sièges sur 72 à l’Assemblée nationale. Il règne encore sur la vie politique du pays, ce qui fait dire aux opposants que Pohamba n’est qu’une marionnette.
Le chef de l’État souffre d’un manque de charisme. Plus effacé, plus conciliant aussi, il lui faudra trouver un langage différent et des idées nouvelles pour s’affirmer. Homme de consensus, il pourrait très bien assurer la transition entre les pères de l’indépendance et la jeune génération. Mais la population, qui a maintenu la Swapo au pouvoir, aura-t-elle la patience d’attendre des changements qui tardent à venir ?

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