Femme, un mal nécessaire ?
Non, je n’éprouve pas de sympathie particulière pour Angela Merkel, la première chancelière de l’histoire allemande. Ultra-conservatrice, un tantinet coincée, ni glamour ni chaleureuse, cette femme est tout le contraire d’une Hillary Clinton. Pis, enne a des faux airs de Margaret Thatcher, dont elle semble avoir aussi pillé la garde-robe. Mais elle a remporté les élections, ce qui reste un exploit dans le pays des trois K(Kirche, Küche und Kinder ; « Eglise, cuisine et enfants »). Aussi, lorsque des voix masculines allemandes, aigries par sa victoire, clament « que madame Merkel n’est pas assez compétente pour cette fonction » ou qu’elle est « tout simplement incapable de faire une bonne chancelière », la femme que je suis se révolte. On croirait entendre Beaumarchais disant : « O femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante ! »
Finalement, tout cela démontre qu’une grande majorité d’hommes est encore réticente à voir les plus hautes fonctions de l’Etat occupées par une personne du sexe dit faible. Penser qu’elle est capable de les assumer, d’accord. Mais les lui confier vraiment ? Non ! Un scandale lorsqu’on sait que six femmes seulement ont été élues chefs d’Etat ou de gouvernement à travers le monde ces dix dernières années.
Par solidarité féminine, donc, je viens, armée non pas d’un rouleau à pâtisserie, mais d’un gourdin bien noueux, asséner quelques vérités aux messieurs moyenâgeux de tous les continents. A commencer par le propre conseiller en matière fiscale d’Angela Merkel, pour qui « la carrière d’une femme est à la maison ». A tous, je préconise, comme traitement contre la « misogynite » aigüe dont ils souffrent, d’aller passer un séjour dans l’archipel des Bissagos, en Guinée-Bissau. Là-bas, la gent féminine, qui dit ouvertement que « les hommes sont inférieurs en tout aux femmes », a tous les pouvoirs. Les femmes régentent la vie du village et celle de leur époux. Elles décident, ils obéissent. Là-bas, elles seules peuvent rendre la justice et… ce sont elles qui répudient l’époux quand elles ne tolèrent plus sa présence. Un beau jour, celui-ci retrouve ses affaires devant la case et n’a plus d’autre solution que de s’en aller, l’échine basse et, permettez-moi l’expression, la queue entre les pattes.
OK, mon voeu n’est pas de créer une telle société. Je me lasserais très vite de jouer au chefaillon, moi qui suis pour la parité ! Mais je reste persuadée que quelques semaines de ce régime pourraient libérer certains hommes de leur fantasme d’héroïsme viril. Ce n’est pas tous les jours qu’une personne du sexe faible est élue à la plus responsabilité d’un pays. Tout le monde devrait s’en réjouir fortement !
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