Mort d’un juste

Publié le 30 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Grande figure du mouvement national palestinien, Haïdar Abdel Chafi s’est éteint le 25 septembre des suites d’une longue maladie. Il avait 88 ans. Médecin diplômé de l’Université américaine de Beyrouth, il était sans doute la personnalité de Gaza la plus populaire et la plus respectée. Son nationalisme intransigeant lui valut de sérieux ennuis (arrestations, bannissement) avec toutes les puissances occupantes, qu’il s’agisse des Britanniques, des Égyptiens ou, bien sûr, des Israéliens.
Quand, en novembre 1956, Tsahal chasse l’administration égyptienne de la bande de Gaza, Abdel Chafi dirige le conseil municipal. Son refus obstiné de collaborer lui attire le courroux de Moshe Dayan, alors chef d’état-major, qui l’assigne à résidence et, selon le témoignage d’un historien israélien, le prive d’eau potable. Après le retrait israélien, en mars 1957, Gaza retombe sous contrôle égyptien. Mais les « frères arabes » ne se montrent pas tendres avec ce trublion qui ose réclamer à Nasser la création d’une entité palestinienne autonome et la fin de l’occupation : retour à la case prison.
Il en sort plus déterminé que jamais. En 1964, il est au nombre des fondateurs de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Trois ans plus tard, Tsahal est de retour à Gaza. Pour atténuer les affres de l’occupation, il consent à participer à la gestion des affaires publiques, mais les Israéliens, Moshe Dayan en tête, doivent vite se rendre à l’évidence : ce résistant pacifique comme on n’en fait plus n’a rien perdu de sa pugnacité.
En 1991, il est nommé à la tête de la délégation palestinienne lors des pourparlers de paix de Madrid. Les discussions sont longues. Pour la première fois depuis ses études universitaires, il s’éloigne de Gaza. Vingt-deux mois durant, il négocie, à Washington, avec des émissaires israéliens. Quand il apprend que d’autres Palestiniens, notamment Mahmoud Abbas, aujourd’hui président de l’Autorité palestinienne, mènent à Oslo des négociations secrètes et parallèles, il claque la porte et rentre chez lui.
En 1996, son hostilité aux accords d’Oslo ne l’empêche pas de briguer, et d’obtenir, un poste de député au Conseil législatif palestinien. Deux ans plus tard, nouveau et dernier coup d’éclat : il démissionne pour dénoncer la corruption du système Arafat, la faiblesse des prérogatives des parlementaires et l’absence de toute séparation des pouvoirs. Haïdar Abdel Chafi se retire définitivement de la vie politique. Quand son état de santé se dégrade, le gouvernement Ehoud Olmert lui offre de prendre en charge son hospitalisation dans un établissement haut de gamme, en Israël ou ailleurs. « J’ai toute confiance dans le corps médical palestinien », répond-il. Nationaliste jusqu’à son dernier souffle.

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