Afrique du Sud : Zuma ou pas Zuma ?

Publié le 30 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Les conseillers de Jacob Zuma le savent : il ne sera pas facile de faire accepter à l’étranger la candidature de leur champion à la présidence du Congrès national sud-africain (ANC). « Bill Clinton restera toujours marqué par le scandale Monica Lewinsky, Zuma restera toujours marqué par son passé », affirme l’un d’eux. Le passé, c’est l’affaire de corruption et le viol dans lesquels il a été impliqué l’an dernier.
Ces propos étaient tenus à la veille d’un dîner au cours duquel Zuma devait chercher à convaincre des gestionnaires de fonds internationaux qu’il resterait fidèle à la politique d’ouverture du président Thabo Mbeki. Les assistants du vice-président de l’ANC considèrent, quant à eux, que la bataille sera plus facile à gagner à l’intérieur. Ils croient aussi qu’un autre point commun avec Clinton l’aidera à faire table rase du passé et à l’emporter au congrès du parti, en décembre prochain : sa capacité à électriser un auditoire. Compte tenu du formidable talent politique de Mbeki, son principal rival, peu d’observateurs pensent que la partie est déjà gagnée. Mais la campagne prend manifestement bonne tournure.

Ces derniers jours, Zuma a reçu l’appui de la Ligue de la jeunesse de l’ANC et du Cosatu, la principale fédération syndicale. Ce qui prouve que les militants de base sont bien de son côté. Sa simplicité contraste avec la manière plus distante de Mbeki, dont la politique économique soulève l’hostilité de la gauche. « Zuma a toutes ses chances, pronostique le professeur Nick Binedell, le directeur du Gordon Institute of Business Science de Johannesburg. Il serait stupide d’en douter. Mais nous ne savons vraiment pas quelle sera sa politique. Les milieux d’affaires prennent la situation très au sérieux. » Commentaire du principal conseiller de Zuma : « La gauche n’est pas irresponsable. Je n’ai entendu personne dire qu’il fallait se préparer au Grand Soir. Son principal reproche c’est que l’État ne cherche pas suffisamment à réduire le fossé entre les riches et les pauvres. »

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La politique économique de Mbeki, qui a permis en 2006 un taux de croissance de 5 %, est pourtant très appréciée à l’étranger. Ses partisans affirment qu’il est injuste de dire qu’elle favorise les riches. Elle offre à l’Afrique du Sud les meilleures possibilités d’accroître le produit national brut et de réduire le chômage. Ils soulignent aussi qu’une présidence Zuma pourrait être mal venue, ou même provoquer un scandale après son implication dans une affaire de corruption et les propos qu’il a tenus lorsqu’il a été inculpé de viol. Mbeki ne peut se présenter à un troisième mandat présidentiel, mais il souhaiterait en faire un à la tête du parti. Quel que soit son talent, il est au pouvoir depuis treize ans, et beaucoup de Sud-Africains voudraient tourner la page.
Tout au long de ses quatre-vingt-quinze ans d’existence, l’ANC a préféré le compromis au conflit. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de « barbe grise » qui fasse autorité. « L’arbitre » évident, Nelson Mandela, est en très mauvais termes avec Mbeki. Certains de ses partisans pensent que les accusations portées contre Zuma pourraient lui valoir l’auréole du martyr. D’autres estiment que, même s’il est le candidat de la gauche, les jeux ne sont pas faits.

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