Mbeki, Mugabe et les autres
En annonçant le 24 juillet un prêt conditionnel au Zimbabwe pour l’aider à rembourser sa dette auprès du FMI, le président Thabo Mbeki persiste et signe sa politique de soutien à son voisin. Les foudres des Occidentaux comme celles d’une partie de ses compatriotes n’y ont rien fait. Il se veut le champion d’une « diplomatie discrète » en opposition totale avec l’approche brutale de Londres, Washington ou Bruxelles. Même s’il a ajouté à sa proposition des conditions et assuré qu’il agirait en coopération avec l’ONU.
Une position prudente qu’il a faite sienne depuis la condamnation sud-africaine – solitaire et inefficace – du régime d’Abacha au Nigeria en 1995. Être perçu comme le cheval de Troie de l’Occident sur le continent, voilà bien la dernière chose que désire le pays de Mandela. En désignant Mbeki comme son Point Man in Africa, lors de sa visite en Afrique du Sud en 2003, George W. Bush ne lui a d’ailleurs pas rendu forcément service.
S’il avait condamné fermement Robert Mugabe et soutenu le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition proche des Britanniques) de Morgan Tsvangirai, Mbeki aurait perdu une confiance qu’il tente d’instaurer avec ses homologues africains pour résoudre les problèmes du continent « entre Africains ».
Bien que manifestement gêné par son voisin, avec qui d’ailleurs il ne s’entend guère, Mbeki n’est pas en effet le seul à vouloir persuader Mugabe (autrement que par les sanctions) de sortir pacifiquement son pays de la crise économique et à l’amener doucement à prendre sa retraite. Son homologue tanzanien, Benjamin Mkapa, l’ancien président namibien, Sam Nujoma, le Libyen Mouammar Kadhafi dénoncent les mesures occidentales qui frappent le Zimbabwe. Olusegun Obasanjo, le président en exercice de l’Union africaine, dans une posture plus délicate puisqu’il a contribué à exclure le pays du Commonwealth en 2003, a même tenté récemment de convaincre Mugabe de rencontrer les dirigeants de l’opposition. Sans succès.
Mais, pas plus que celle, tonitruante, des Britanniques, la « diplomatie discrète » de Mbeki n’a pas encore porté ses fruits.
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