L’Afrique deux fois plus chère

Publié le 31 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Le verdict est sans appel. Plusieurs études menées par les experts de la Banque mondiale et par les scientifiques français de l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (Inrets) en témoignent : les frais de transport au kilomètre coûtent en moyenne deux fois plus cher en Afrique subsaharienne que dans la plupart des pays d’Asie du Sud ou du Sud-Est. Envoyer une tonne de café à Hambourg ou de cacao à Amsterdam coûte presque deux fois moins cher depuis l’Indonésie que depuis le Cameroun. Une partie de l’explication réside dans la géographie particulièrement défavorable de l’Afrique subsaharienne, qui dispose d’un littoral d’une longueur très faible par rapport à la superficie de la zone, et d’un nombre de ports maritimes naturels peu élevé. À ces handicaps s’ajoute l’absence de grands fleuves navigables pour des navires de haute mer. Or les populations s’établissent généralement loin de la mer : moins d’un habitant sur cinq en Afrique subsaharienne vit à cent kilomètres ou moins de la côte, contre plus de 40 % en Amérique latine et en Asie du Sud-Est. Tout n’est pas négatif : dans le cas du bois, l’inaccessibilité croissante des zones de production dans le bassin du Congo, situées dans des régions montagneuses, a comme conséquence de freiner une déforestation mal contrôlée.

Pour d’autres productions, la dispersion des populations et des petites exploitations agricoles, typique par exemple de la filière café, limite le volume du trafic rural, facteur qui réduit d’autant les possibilités d’économies d’échelle et de concurrence. Les coûts élevés du fret s’expliquent en grande partie par cette insuffisance des systèmes de transport locaux dans les zones rurales. La densité des pistes est très faible. Au début des années 1990, dans une vingtaine de pays d’Afrique tropicale, elle était six fois inférieure à celle que l’on pouvait trouver en Inde en 1950. Et cela même en tenant compte des différences de densité de population.
Le sous-développement concerne aussi les moyens de transport locaux – charrettes, ânes ou bicyclettes -, partout moins nombreux qu’en Asie. Sur les longues distances, au mauvais état général des camions s’ajoutent des obstacles d’ordre administratif, qui ralentissent la circulation des marchandises et en augmentent les coûts. En Afrique subsaharienne, un habitant sur trois vit dans un État qui ne possède pas de débouché maritime, contre seulement un sur trente en Amérique latine et un sur cinquante en Asie du Sud et du Sud-Est. Un Africain sur trois doit franchir une frontière pour accéder à la mer, ce qui entraîne des taxes supplémentaires. Pourtant, la répercussion d’une baisse dans ce domaine se ferait sentir très rapidement. Les économistes sont catégoriques : si l’Afrique pouvait réduire de moitié le coût du transport de marchandises, les volumes transportés seraient multipliés par cinq.

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