Mali : à qui profite le métal jaune ?

Publié le 30 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

La plus importante des mines maliennes est celle de Morila. La société qui l’exploite, la Société des mines de Morila, est détenue par AngloGold Ashanti et Randgold (40 % chacun) et par l’État malien (20 %). Elle a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 295,9 millions de dollars pour un bénéfice net de 117,4 millions de dollars ! Un résultat qui en fait la première société minière d’Afrique de l’Ouest par les revenus et l’une des plus rentables d’Afrique par le ratio résultat net sur chiffre d’affaires. De cette manne, complétée par les gains réalisés dans les mines de Sadiola, de Yatela et, depuis peu, dans celles de Loulo et de Tabakoto, le Mali perçoit une part importante. Plus de 3 000 personnes travaillent dans les trois mines d’AngloGold. Le gouvernement, en tant qu’actionnaire, perçoit un pourcentage des bénéfices des sociétés exploitantes (entre 18 % et 20 % selon les sociétés). Pour la seule mine de Morila, les sommes perçues totaliseraient, selon nos calculs, plus de 110 millions d’euros depuis 2002. À cela s’ajoutent les impôts perçus sur les activités, une fois passée la période d’exonération Si, pour les comptes du gouvernement malien, l’argent tiré de l’exploitation minière s’est révélé salvateur, sur le terrain, les déçus sont nombreux. Parmi eux, Dioting Mariko, maire du village de Sanso, situé aux abords de la mine, qui s’en est longuement expliqué dans plusieurs médias, dont le San Francisco Chronicle : « Lorsque la mine a ouvert, nous avons pensé nous développer. Ils ont construit douze salles de classe pour quatre villages, et nous avons eu une mosquée. À part ça, il n’y a rien eu. » En 2005, un lourd conflit a opposé un sous-traitant de la mine, la Somadex, filiale de Bouygues, à ses employés. Amadou Nioumata, ancien secrétaire général du comité syndical de la Somadex, licencié après cette longue grève, en témoigne : « Les gens meurent sur le chantier parce qu’ils sont épuisés par le travail, ils n’ont aucun droit à se reposer. » Une réalité saisissante. Sur le papier, en effet, le Mali, qui ne possède aucune autre activité d’extraction, aurait dû largement bénéficier de cette nouvelle manne. Alors que l’activité minière était, avant les années 1990, largement dominée par l’exploitation artisanale et que les tentatives industrielles, menées notamment avec les Russes, s’étaient soldées par un échec, le pays est devenu en quelques années le troisième producteur d’or en Afrique, à un moment où les prix commençaient leur irrésistible ascension. Le métal jaune est devenu son premier poste d’exportation, devant le coton, et le pays en vend chaque année entre 30 et 60 millions d’euros à l’étranger. Un développement financier que le Mali doit avant tout à l’élaboration d’un code minier attractif et à l’intérêt qu’ont porté plusieurs multinationales à la recherche de gisements d’or.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires