Les leçons de Blair pour une révolution Royal en France

Publié le 30 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Au grand dam d’une grande partie de la gauche française, Ségolène Royal admire le Premier ministre anglais Tony Blair. Il se pourrait pourtant qu’elle ne fasse pas bien la distinction entre la nature même du blairisme et ce qui a permis à Blair d’être élu (et lui a permis de conserver le pouvoir au cours des neuf dernières années). M. Blair a été dépeint comme un pur produit de la société médiatique – beaucoup de formes, mais pas de fond. On a aussi dit de lui qu’il a viré à droite, trahissant les principes de la gauche.

Aucun de ces deux points de vue ne correspond à la réalité. Personne ne peut remporter des élections et encore moins faire des réformes grâce à son seul charme, un principe que Mme Royal devrait garder à l’esprit. Dix ans d’un méticuleux travail de fond ont précédé l’ascension de Blair jusqu’au pouvoir. Si le Parti travailliste a respecté son programme, c’est uniquement grâce à ce travail, qui continue encore aujourd’hui. Depuis que Blair occupe son poste, plus de 2 millions de personnes sont sorties de la pauvreté, l’État a été renforcé – les impôts ont augmenté, pour approcher 42 % du PIB, un chiffre conforme à la moyenne européenne. Avec 75 % d’actifs, une grande partie des nouvelles rentrées fiscales a été investie dans la santé et l’éducation. Un salaire minimum, assez conséquent, a été créé. La politique volontariste du Labour en matière d’emploi a aidé les chômeurs à trouver du travail. Depuis 1997, l’économie a été plus performante que dans beaucoup d’autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Je ne suis pas en train de dire que Mme Royal devrait imiter le programme du Parti travailliste anglais. L’histoire et, par conséquent, les besoins de la France et ceux de l’Angleterre sont différents. Le Royaume-Uni se remet de dix-huit ans de thatchérisme, au cours desquels les services publics ont été progressivement restreints, et les inégalités et la pauvreté ont brusquement augmenté ; mais, dans le même temps, son taux de chômage restait inférieur à celui de la France.
La France a besoin d’une réforme sociale, d’une réforme du marché du travail pour aider à la création d’emplois, de mesures d’aides à destination des PME ; et, par-dessus tout, d’une réforme de l’État. La France a besoin de casser son modèle de répartition du travail – qui est économiquement inefficace et contraire à la justice sociale. Le principe de « protéger les travailleurs, non les emplois » est le seul compatible avec ces deux objectifs.
Si Mme Royal devient présidente, elle n’aura pas seulement besoin d’un bon programme mais aussi de poigne et de détermination.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires