Israël contre Israël
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En 1982, de nombreux amis d’Israël ont vigoureusement soutenu son invasion du Liban, motivée uniquement à leurs yeux par sa propre sécurité.
Rétrospectivement, il apparaît que cette guerre a fragilisé la sécurité à long terme d’Israël. L’invasion a engendré le Hezbollah, qui, en réussissant à chasser Israël du Liban, a encouragé le Hamas et d’autres ?groupes palestiniens à recourir à des tactiques plus violentes.
Aujourd’hui encore, Israël croit renforcer sa sécurité à long terme en attaquant le Liban. Et, de nouveau, l’opération se révèle contre-productive.
En massacrant les Libanais, Israël provoque l’indignation de l’opinion internationale, accroît le sentiment anti-israélien et anti-américain, suscite une nouvelle génération de guérillas anti-israéliennes et renforce les courants extrémistes dans la région et au-delà – par exemple, les dirigeants cyniques du Soudan ne manqueront pas d’instrumentaliser l’indignation dans le monde arabe pour continuer leur génocide ?au Darfour. Et, selon toute vraisemblance, Israël ne réussira pas à tuer plus de terroristes qu’il n’en crée.
Plus largement, l’une des raisons pour lesquelles le bombardement du Liban – comme l’invasion de 1982 – ne sert pas à long terme les intérêts d’Israël tient à l’évolution du terrorisme sur les vingt prochaines années. Jusqu’à présent, les opérations terroristes ont répandu la mort et la frayeur, mais n’ont pas réussi à menacer l’existence d’Israël. Pourtant, il arrivera un moment où des groupes militants recruteront des équipes de scientifiques à qui ils donneront un budget de recherche de 300 000 dollars et un délai de deux ans pour préparer des opérations au gaz innervant, à l’anthrax ou avec des « bombes sales » qui rendent inhabitables des zones pendant des années.
Il en ressort que le seul moyen pour Israël de garantir sa sécurité est de rechercher un accord définitif de paix, impliquant la création d’un État palestinien – car la dissuasion peut s’exercer plus facilement à l’encontre d’un État qu’avec des groupes indépendants comme le Hamas. Un tel accord n’est pas réalisable à présent, mais exigerait entre cinq et quinze années. L’intérêt d’Israël est de tout faire dans ce sens, et non pas de compter uniquement sur sa puissance qui renforce les activistes et rend un règlement moins probable.
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