Impunité pour les racistes

Publié le 30 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Le 20 juillet, un tribunal de Saint-Pétersbourg a acquitté quatre skinheads soupçonnés d’avoir poignardé à mort un étudiant congolais. C’est la seconde fois en quatre mois qu’un jury relaxe les auteurs présumés d’un crime raciste. ?Voici les faits.
Le 9 septembre 2005, Roland Epassak, 29 ans, est attaqué à coups de pierre et poignardé par quatre hommes, devant son domicile. Âgés de 19 ans à 26 ans, ses agresseurs sont rapidement arrêtés. L’un d’eux, Andreï Guérassimov, est accusé d’avoir porté sept coups de couteau à la victime.
Ce crime plonge la communauté africaine dans la consternation, puis dans la colère lorsque le procureur chargé de l’affaire déclare dans la presse qu’il ne s’agit pas d’un crime raciste. Les protestations, notamment celle de l’ambassadeur congolais, prennent une telle ampleur que l’affaire est requalifiée en « crime haineux ». Lors de leurs procès, les accusés plaident non coupables, arguant que l’on n’a retrouvé ni arme du crime ni sang sur leurs vêtements. Des fibres qui en proviennent ont pourtant été prélevées sur ceux de la victime, mais le jury estime que la preuve est insuffisante. À l’annonce du verdict, le public se lève, applaudit et crie « merci ».
Ex-résidence des tsars, Saint-Pétersbourg est l’une des plus belles villes du monde. Mais elle a aujourd’hui la réputation d’être invivable pour les non-Européens. Selon le rapport publié au mois de mai par Amnesty International, 28 personnes sont mortes et 366 autres ont été blessées au cours d’agressions racistes, en 2005, sur l’ensemble du territoire russe. « La police et les juges ont pris l’habitude de qualifier de simple hooliganisme les attaques perpétrées par les skinheads », s’insurge un responsable local d’Amnesty. Les Noirs, les Juifs, les Roms, les musulmans pratiquants et les Caucasiens du Nord sont particulièrement visés. On recense dans la Fédération de Russie quelque 140 groupes extrémistes, rassemblant plus de 6 000 membres. Agressifs et bien organisés, ils sont parfois exécuteurs des basses uvres des mafias.
Le président Vladimir Poutine s’est pourtant engagé à « redoubler d’efforts dans la lutte contre le racisme et la xénophobie », mais la justice y est manifestement beaucoup moins déterminée.

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