Cotonou : l’hypermarché fait recette
Habitués aux commerces de proximité, que pensent les Cotonois du centre commercial Erevan ? Petite virée dans les allées de l’hypermarché, deux ans après son ouverture.
Très apprêtées, deux jeunes filles se promènent dans le rayon des cosmétiques. Puis, discrètement, elles sortent leur téléphone portable, font semblant de choisir un produit et se prennent en photo, l’une après l’autre. Un employé occupé à réassortir un rayon observe le manège d’un air ennuyé. Ce n’est pas la première fois qu’il assiste à ce genre de scène. Plus de deux ans après leur ouverture, le centre commercial Erevan et son hypermarché restent toujours aussi « exotiques » pour les consommateurs et les promeneurs béninois.
Une affaire de famille
Fondateur et PDG du groupe qui porte son nom, Marcel Tchifteyan, Franco-Béninois d’origine arménienne, est établi depuis plus de soixante ans à Cotonou, où son fils Jean-Luc, directeur général du groupe, est né en 1961. Il emploie désormais 500 personnes au sein de quatre sociétés : Matériaux Bénin (créée en 1952), la Société béninoise de peintures et de colorants (Sobepec, 1972), le complexe hôtelier Casa del Papa (à Ouidah, 2001) et Erevan Bénin (2007). M.G.B.
Situé à Cadjehoun, dans le quartier de l’aéroport de Cotonou, c’est l’un des plus grands centres commerciaux d’Afrique de l’Ouest. Un investissement de 6 milliards de F CFA (9 millions d’euros) réalisé par le groupe Tchifteyan (lire encadré). Construit sur 13 000 m2, le mall s’ouvre sur un premier espace réservé aux commerces, avec des boutiques de prêt-à-porter, des magasins d’ameublement et de déco, des agences bancaires, et même une galerie d’art. Dans la deuxième partie, l’hypermarché propose des milliers de références, dans des gammes de prix différentes dont, depuis fin 2012, un large éventail de produits de la chaîne française de grande distribution U. Chose inédite au Bénin, outre sa superficie (4 000 m2), la grande surface dispose d’espaces réservés aux textiles et vêtements, à l’ameublement, au bricolage, au matériel de cuisine et à l’électroménager.
Concurrence
Si la clientèle béninoise aime l’idée de pouvoir faire toutes ses courses au même endroit, le centre commercial apparaît encore quelque peu surdimensionné, dans un pays doté d’une supérette presque à chaque coin de rue et où les habitudes sont au commerce de proximité. « Le fait qu’il soit excentré me dérange, confirme Aboubacar Danialou, un jeune patron. Je le trouve aussi un peu cher, surtout sur les produits alimentaires. » Pour Adama Bako, un commerçant, le centre est surtout « en concurrence directe avec Dantokpa [le marché de Cotonou, NDLR], le plus grand marché de la sous-région ». Une concurrence qu’Erevan, avec un chiffre d’affaires passé de 5 milliards de F CFA en 2010 à 8 milliards en 2012, semble soutenir pour le moment.
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