Aide au développement : les effets de la crise se font sentir

Alors que le Comité d’aide au développement de l’OCDE a publié aujourd’hui mercredi 3 avril les chiffres de l’aide publique au développement (APD) pour chacun de ses pays membres, certaines ONG tirent la sonnette d’alarme. La situation malienne et l’atteinte des Objectifs millénaires du développement sont au cœur de leurs préoccupations.

François Hollande est accueilli au Mali par le président Dioncounda Traoré. © AFP

François Hollande est accueilli au Mali par le président Dioncounda Traoré. © AFP

Publié le 3 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Pour la seconde année consécutive, l’APD internationale recule et s’éloigne un peu plus de ses objectifs internationaux. Par exemple, l’aide de la France a reculé en 2012 à 12,78 milliards de dollars, soit 0,45% du revenu national brut (RNB), alors qu’en 2010, elle représentait 13,74 milliards de dollars (0,5% du RNB). Oxfam, une confédération d’ONG, s’inquiète que l’abandon par la France de son engagement à consacrer 0,7% de son RNB à la solidarité internationale n’ait « des conséquences immédiates sur la lutte contre la pauvreté ».

Le Mali oublié ?

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Oxfam France s’interroge notamment sur la réalité de l’aide au développement destinée au Mali.

Oxfam France s’interroge notamment sur la réalité de l’aide au développement destinée au Mali et l’annonce de 150 millions d’euros pour le pays. Un constat qui contraste avec les déclarations de François Hollande à Bamako, au début du mois de février, lorsque le président français a déclaré : « L’autre phase qui s’engage dès aujourd’hui au Mali est celle de l’aide au développement ». « Dans le cas du Mali, cette démission contraint la France à ne pas avoir les moyens financiers de participer à la reconstruction et au développement du pays », estime l’ONG.

Selon Christian Reboul, d’Oxfam France, « l’APD française se retrouve en deçà même des prévisions données par le ministère de l’économie en septembre dernier. Si la France a systématiquement réaffirmé au niveau international son engagement à consacrer 0,7% de son revenu national brut à la solidarité, les chiffres confirment un recul significatif. (…) La France ne se donne pas les moyens de ses ambitions en matière de développement dans les pays pauvres, y compris au Sahel et au Mali. » Oxfam France en profite pour souligner que l’appel d’urgence des Nations unies pour l’aide humanitaire au Mali n’est financé aujourd’hui qu’à hauteur d’un peu plus de 82 millions de dollars sur un montant total de 409,5 millions, soit seulement 20%.

Objectifs du millénaire

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Autre inquiétude des ONG, exprimée par la voix de ONE, une ONG américaine cofondée par le chanteur Bono, le retard pris dans l’atteinte des objectifs millénaires du développement. Dans un communiqué, elle souligne qu’il ne reste plus que 1 000 jours pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Malgré les progrès pour l’atteinte de certains OMD, notamment en ce qui concerne l’extrême pauvreté, la mortalité infantile ou l’accès à l’eau potable, sont notables, d’autres objectifs, notamment l’accès à l’éducation primaire et la santé maternelle, accusent un retard « considérable ». « À ce jour, 26 pays ne pourront atteindre qu’un seul, voire aucun de ces huit objectifs du millénaire pour le développement d’ici à 2015, alerte Guillaume Grosso, directeur de ONE France. Les progrès déjà réalisés depuis l’an 2000 nous prouvent que ces objectifs sont réalisables à condition que tous les pays fassent un effort financier. »

Pour ONE, « les pays développés lâchent les pays pauvres »

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C’est justement à ce niveau que le bât blesse. Pour ONE, « les pays développés lâchent les pays pauvres ». Le communiqué rappelle que, ces quinze dernières années, les pays donateurs ont globalement augmenté leur budget d’aide, mais que la tendance s’inverse depuis 2011 et a connu une baisse de 4% en 2012. Ainsi, l’aide bilatérale à l’Afrique subsaharienne a représenté 26,2 milliards de dollars en 2012 (-7.9 % comparé à 2011).

Volontarisme et eau tiède

ONE souligne cependant le volontarisme politique du Royaume Uni qui, malgré une baisse en 2012, vient d’allouer 0,7% de sa richesse nationale à l’aide publique au développement pour 2013. Loin d’être le seul à montrer l’exemple, ce pays rejoint ainsi la liste des autres États européens comme la Suède, le Danemark, les Pays-Bas, la Norvège et le Luxembourg à avoir honoré leur promesse. « Les britanniques viennent d’apporter la preuve que l’atteinte de cet objectif international est une question de volonté politique », réagit Guillaume Grosso.

Pour l’ONG, la France, en ne décidant ni coupe franche ni augmentation, fait un non-choix. Son budget d’aide au développement baisse pour la deuxième année consécutive, avec 9,336 milliards d’euros en 2012 contre 9,347 milliards d’euros en 2011, une façon de « réinventer l’eau tiède », pour reprendre la formule employée par ONE. François Hollande a lui-même déclaré que cette aide n’augmenterait pas tant que la croissance ne serait pas revenue.

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