Japon : une révolution énergétique ?

Des ingénieurs ont, pour la première fois, réussi à extraire des fonds marins du gaz d’hydrate de méthane. Un composé d’origine organique qui, un jour, supplantera peut-être le pétrole.

Expérience sur la burning ice, en 2005. © Kazuhiro Nogi/AFP

Expérience sur la burning ice, en 2005. © Kazuhiro Nogi/AFP

Publié le 8 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Deux ans après la catastrophe de Fukushima, les antinucléaires japonais se prennent à espérer la fin de la dépendance de leur pays par rapport à l’énergie nucléaire. La nouvelle est tombée le 12 mars : après dix-huit années d’un ambitieux programme de recherche et plusieurs milliards de yens investis, les ingénieurs japonais auraient pour la première fois réussi à extraire du gaz d’hydrate de méthane. Conduite par la société nationale Jogmec et l’Institut des sciences et techniques industrielles avancées, l’extraction a eu lieu au large des péninsules d’Atsumi et de Shima, sur la côte sud de Honshu, à 330 m sous les fonds marins, eux-mêmes situés à une profondeur de 1 000 m.

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Les hydrates de méthane – ou clathrates – sont un composé formé d’eau et de gaz dans des conditions de haute pression et de basse température. Autrement dit : du gaz emprisonné dans un maillage de cristaux de glace. Appelée « glace combustible » pour sa ressemblance à du sorbet, cette neige énergifère libère en fondant 164 fois son volume en méthane. Jusqu’à deux fois plus riche en carbone que les autres énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon), ce carburant fossile pourrait être une solution providentielle pour le Japon, qui, depuis la fermeture de la quasi-totalité de ses réacteurs, importe une grande partie de l’énergie qu’il consomme.

Des prospections sismiques et des forages exploratoires ont permis d’estimer que la seule fosse de Nankaï, sur le littoral de l’archipel, en recèlerait quelque 1 milliard de mètres cubes. De quoi subvenir aux besoins en énergie du Japon pendant onze ans. Les experts estiment que les réserves totales pourraient avoisiner 7 milliards de mètres cubes, ce qui permettrait de faire face aux besoins pendant un siècle ! À terme, ce composé d’origine organique dont les réserves mondiales sont probablement de deux à dix fois plus importantes que celles du gaz conventionnel, soit 190 milliards de m³, pourrait remplacer le pétrole et le gaz naturel, liquéfié ou de schiste (sans les inconvénients de la fracturation hydraulique).

Optimiste, l’Agence japonaise pour l’énergie et les ressources naturelles prévoit d’entreprendre son exploitation industrielle dès 2019, après un nouvel essai en 2014 ou 2015. Mais le chemin à parcourir est encore long. L’extrême versatilité de cette neige inflammable rend en effet les forages dangereux. Au moindre changement de pression ou de température, la glace libère le gaz, ce qui peut entraîner des fuites massives de méthane. Un gaz dont l’effet de serre est, pour une période de cent ans, évalué à vingt et une fois celui du CO2 ! On imagine les conséquences pour l’environnement !

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