à Bagdad

Publié le 30 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

À son départ d’Ankara, la secrétaire d’État a directement gagné Bagdad, où un nouveau Premier ministre, Nouri al-Maliki, venait d’être nommé (voir pp. 20-22). Elle y a retrouvé un Donald Rumsfeld en pleine tournée des popotes. Après avoir déjeuné avec les soldats cantonnés dans la « zone verte », le chef du Pentagone a rejoint Rice dans le bureau du président Jalal Talabani pour évoquer l’urgence de la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale.
La réussite du processus politique irakien est désormais vitale, ou presque, pour l’administration Bush. À six mois des élections de la mi-mandat, le président est en effet au plus bas dans les sondages (30 % d’opinions favorables). Mais la clé du succès de l’opération n’est pas – Rice et Rumsfeld le savent bien – entre les mains de Talabani. Désormais, leur véritable interlocuteur, c’est Nouri al-Maliki.
Ce dernier n’était pas à Bagdad lors de l’arrivée des deux responsables américains, mais à Najaf, la Ville sainte du chiisme, où il sollicitait le soutien de l’ayatollah Ali Sistani. Maliki a finalement rejoint la zone verte avec deux heures de retard. Avec en poche une « feuille de route » tracée par le guide spirituel des chiites irakiens : mettre fin aux violences, résister aux tentations partisanes, instaurer un monopole de l’État sur les armes et établir de bonnes relations avec les pays voisins, Syrie et Iran notamment.
Bien entendu, ce dernier point pose aux Américains un problème sur lequel Rice a préféré ne pas s’appesantir, se bornant à souligner l’urgence de la mise en place d’un gouvernement « légitime et dynamique, composé de ministres compétents, partageant les valeurs d’union nationale et prêts à travailler pour améliorer la sécurité et la situation économique ». Il est vrai que c’était aussi une manière de récuser par avance plusieurs ministres sortants réputés proches de Téhéran Quant à Rumsfeld, il a réitéré à Maliki son souhait de voir l’armée irakienne capable de faire face, seule, à la menace représentée par les insurgés.
Ces « encouragements » ont aussitôt suscité de vives protestations au sein de l’Alliance chiite au pouvoir. Le jeune imam Moqtada Sadr, qui y représente le courant le plus antiaméricain, y a vu une intolérable ingérence dans les affaires intérieures irakiennes. À l’en croire, « au lieu de nous dire comment choisir nos ministres, les Américains devraient plutôt nous transmettre un calendrier de retrait de leurs troupes ». Ni Rice ni Rumsfeld n’ont jugé utile de relever le propos.

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