Moi, David Paterson, noir, aveugle et gouverneur de New York

Publié le 30 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

De 1990 à 1993, la ville de New York avait eu un maire africain-américain, David Dinkins. Depuis le 17 mars, elle a son premier gouverneur noir, qui se trouve être aussi le second gouverneur aveugle de l’histoire des États-Unis. Il est démocrate et se nomme David Paterson. Né à New York en 1954, il a perdu l’usage de l’il gauche à la suite d’une infection, lorsqu’il était enfant, et n’a gardé qu’une très faible vision de l’il droit. On dit qu’il a refusé d’apprendre le braille. Ces difficultés ne l’ont pas empêché de faire des études d’histoire, à l’université Columbia de New York, et de droit, à la Hofstra Law School. Ni de jouer au basket et de courir des marathons.
Son père, Basil, a été maire adjoint de New York et l’un des dirigeants du Parti démocrate local. David lui-même a représenté Harlem au Sénat de l’État et a été porté à la tête de la minorité démocrate en 2002 – autre première. En 2006, il devient gouverneur adjoint aux côtés d’Eliot Spitzer, élu gouverneur en novembre.
Il doit sa dernière promotion à la double vie dudit Spitzer, qui, publiquement, jouait les Eliot Ness, mais, dans l’ombre, fréquentait des prostituées. Au très chic Emperor’s Club, des écoutes téléphoniques ont révélé qu’il était le « client 9 » d’une escort girl rebaptisée « Kirsten », dont le tarif de base est 1 000 dollars de l’heure. Le gouverneur Spitzer n’a pas été sauvé par un mea culpa télévisé au côté de son épouse en larmes : une semaine après, il a dû céder la place à Paterson.
De manière moins voyante, ce dernier a reconnu, dans une interview au Daily News de New York, en présence de Michelle Paige, son épouse, qu’il avait eu, de 1999 à 2001, une autre femme dans sa vie, mais que le couple avait surmonté l’épreuve et repris une vie normale avec ses deux enfants, Alex, 14 ans, et Ashley, 19 ans, née d’un premier mariage de Michelle.
Au ton cassant de Spitzer, Paterson préfère courtoisie et dialogue. « Je pense être, dit-il, un conciliateur-né, qui sait se remettre en question lorsqu’il prend un mauvais chemin. » Il déplore qu’il y ait aux États-Unis tant d’aveugles et de sourds sans emploi. Il se bat contre les violences domestiques et pour les femmes créatrices d’entreprise. Il défend, depuis vingt ans, les droits des homosexuels et est favorable au mariage gay. Il milite pour les énergies propres et subventionnerait volontiers la recherche sur les cellules souches.
Politiquement, il sait à merveille doser le pour et le contre. Ainsi, il est moralement contre la peine de mort, mais, si la loi l’autorise, il faut, dit-il, l’appliquer. Même pragmatisme – pour rester aimable – lorsqu’on l’interroge sur Hillary Clinton (qui assistait, le 17 mars, à son investiture) et Barack Obama.
Le 23 décembre 2007, sur la chaîne de télévision new-yorkaise WNBC, on demande à Paterson : « Êtes-vous pour la candidature de Hillary Clinton à la Maison Blanche ? » « Oui, je suis pour. » On poursuit : « Que pensez-vous d’Obama ? » « Je suis l’un de ses plus grands admirateurs. » Sur la même chaîne, le 20 mai précédent, il déclarait : « Obama a le potentiel pour être, dès aujourd’hui, un bon président. » Tout en rappelant que Hillary était « une amie très chère » et qu’il l’encourageait depuis des années à être candidate. Que répondrait-il aujourd’hui ?

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