Tunisie : comment Wallyscar a trouvé la bonne voie

Nouveaux fournisseurs, accords en Europe… Après des débuts difficiles, le premier constructeur tunisien semble prêt à démarrer.

Les ventes de l’Izis ont commencé à progresser après la révolution. © Wallyscar

Les ventes de l’Izis ont commencé à progresser après la révolution. © Wallyscar

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Publié le 8 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

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Automobile : monter en gamme ou disparaître

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Cette fois-ci, Zied Guiga veut y croire. Wallyscar, fondé à Tunis en 2006, avait sorti deux ans plus tard l’Izis, un petit 4×4 original à la carrosserie en fibre de verre. Inspirée à la fois des fameuses Jeep Willys de l’armée américaine et de la Citroën Méhari, sa ligne devait séduire les nostalgiques européens et tunisiens de ces designs rétros, remis au goût du jour pour un prix de 13 000 euros le véhicule. Un projet industriel unique en son genre, tant par sa localisation au Maghreb que par la nature du modèle, mais qui, deux ans après son lancement, était loin de tenir ses promesses. Fin 2009, seuls 15 véhicules avaient en effet été vendus : un maigre résultat alors que le constructeur tablait sur 200 ventes par an, principalement en France. En cause, les délais pour obtenir l’homologation dans l’Hexagone, les capacités limitées de l’atelier-usine de La Marsa et la morosité économique et politique en Tunisie. Une situation qui a duré jusqu’à la révolution, d’autant que le fondateur de Wallyscar, petit-fils de l’ancien ministre Driss Guiga et fils de l’entrepreneur immobilier Kaïs Guiga, était en délicatesse avec le régime de Ben Ali.

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« Après le changement politique, en janvier 2011, nous avons repris le projet, transféré et agrandi notre usine à Ben Arous [dans la grande banlieue de Tunis, NDLR], d’une capacité de 200 véhicules par an. Nous avons noué des partenariats avec de nouveaux fournisseurs tunisiens, dont les pièces constituent désormais 41 % de la valeur de l’Izis, même si nous gardons nos motorisations Peugeot », explique Zied Guiga. Du coup, les ventes ont progressé : « En 2011, nous avons écoulé 100 voitures, et 216 en 2012. Nous ne sommes pas encore rentables, mais nos coûts fixes sont largement couverts. Nous devrions atteindre le point de retour sur investissement en 2016, avec 1 000 véhicules vendus, soit un chiffre d’affaires de 15 millions de dinars [7,3 millions d’euros] », affirme-t-il.

Opération séduction

En octobre 2012, Zied Guiga était à Paris, au Mondial de l’automobile, pour promouvoir sa marque, seule représentante du continent sur le salon. « En 2008, lors de notre première participation, nous avions enregistré 550 commandes, mais nous n’étions pas prêts à produire les véhicules. Cette fois-ci, nous sommes en ordre de bataille. Lors de cette édition, nous avons pris contact avec des distributeurs en Corse, en Guadeloupe et en Martinique », a-t-il confié à Jeune Afrique. C.L.B.

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Partenariats

Pour ce faire, le fabricant tunisien veut obtenir d’autres accords commerciaux, en Europe du Sud et en Europe de l’Est notamment. Jusqu’en 2011, les Français représentaient 90 % de sa clientèle, et les Tunisiens seulement 10 %. « Au départ, nous avons signé un partenariat de distribution avec le français Gefco, très présent sur la côte méditerranéenne de l’Hexagone. En 2013, nous visons déjà un réseau de 120 points de vente indépendants en France et en Belgique. Et désormais, nous vendons également au Brésil, en Italie et en Espagne », précise Guiga, qui cible aussi les pays de l’ex-Yougoslavie. « En Tunisie, ajoute-t-il, nous commençons seulement à percer. Nos clients sont principalement des jeunes aisés des « grandes familles » du pays, sensibles au « made in Tunisia ». »

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Chez Wallyscar, l’heure est à la conception de nouveaux modèles et à la préparation d’une grande usine de 3 000 m2. « D’ici à cinq ans, nous devons sortir deux autres véhicules, pour disposer d’une gamme complète. Pour cela, il nous faudra encore investir », explique le PDG. Pour tenir ses objectifs, il entend recourir à une augmentation de capital de 2 millions d’euros, en veillant à ce que sa famille, qui détient 100 % du capital, conserve la main sur ce projet atypique.

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