Les Russes préfèrent Yi So-yeon

Publié le 30 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Le premier Coréen dans l’espace sera finalement une Coréenne, Yi So-yeon (29 ans), une jeune étudiante en bio-ingénierie. Tout un symbole pour ce pays profondément confucéen et machiste, où les femmes ont longtemps été cantonnées aux domaines littéraire et artistique.
Au départ, c’est pourtant bien un homme, Koh San, chercheur à l’Institut Samsung de technologie avancée, qui, le 8 avril, devait s’envoler de la base de Baïkonour, au Kazakhstan, à bord d’un vaisseau russe Soyouz à destination de la station spatiale internationale (ISS). Mais, à la dernière minute, les Russes se sont inquiétés d’une possible fuite de leurs technologies et ont accusé Koh (pourtant sélectionné avec Yi So-yeon parmi trente-six mille candidats) d’avoir envoyé en Corée du Sud un manuel d’entraînement et de s’être procuré divers ouvrages de pilotage auxquels il n’était pas censé avoir accès. Une « grave entorse au règlement », selon l’Agence spatiale russe. « Excès de zèle et d’enthousiasme », ont plaidé les Coréens, qui ont toutefois dû s’incliner. En accord avec les Russes, c’est donc la jeune doctorante qui a été choisie pour cette première mission – qui ne constitue finalement qu’une petite partie de l’ambitieux programme spatial national.
La construction à Goheung, dans la province du Jeolla Nam-do, du premier centre spatial coréen, le Naro, devrait en effet être achevée au mois de juin. La Corée deviendra alors le treizième pays à disposer d’un centre de lancement spatial. Le gouvernement, qui, entre 1996 en 2007, a déjà investi 1,26 milliard d’euros dans son programme spatial, prévoit d’en consacrer au cours des prochaines années près de 2,6 milliards supplémentaires à la construction de lanceurs exclusivement coréens.
Le lancement du Korea Space Launch Vehicule I (KSLVI) et du Science and Technology Satellite 2 est prévu à la fin de l’année. Il permettra à la Corée de prendre place au neuvième rang des nations capables de lancer leurs propres satellites. L’étape suivante sera la Lune. D’ici à 2020, indique le ministère de la Science et de la Technologie, le KSLVII, une fusée de la seconde génération chargée d’un robot, pourrait tenter un alunissage. Et même, cinq ans plus tard, une exploration de la surface de l’astre. Dans cette perspective, la mission de dix jours de Yi So-yeon revêt une importance considérable.
Symboliquement, le 12 avril, la jeune astronaute préparera dans la station spatiale un repas coréen en l’honneur de Youri Gagarine, le premier Russe dans l’espace, décédé accidentellement en 1968. Pour composer ce simple dîner de riz, soupe de pâte de soja et kimchi, le plat national à base de choux fermentés, d’ail et de piment, trois prestigieux instituts de recherche ont travaillé pendant plusieurs années. Le défi était de confectionner du kimchi qui puisse voyager dans l’espace sans incommoder les astronautes par sa forte odeur ni risquer de les mettre en danger : imaginons en effet que les inoffensives bactéries qui participent à sa fermentation mutent sous l’effet des radiations et des rayons cosmiques Mais Song, chercheur à l’Institut de science et de technologie de Daejeon, reste résolument optimiste. « Un jour, jure-t-il, nos astronautes mangeront du kimchi sur la Lune. »

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