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Publié le 30 janvier 2005 Lecture : 5 minutes.

Les Marocains sont-ils racistes ? (2)
Pourquoi englober une population entière en la traitant de raciste ? Il y a certainement des racistes au Maroc, mais nous ne le sommes pas tous. Vous faites la même erreur que les Occidentaux : ce n’est pas parce qu’un Africain a volé dans un supermarché que les Africains sont des voleurs. Ce n’est pas parce qu’un Français a dénoncé son voisin juif aux SS, pendant l’Occupation, que tous les Français sont des délateurs, et ce n’est pas parce que Ben Laden a fait exploser les tours jumelles de New York que tous les musulmans sont terroristes… Ne mettez pas un peuple entier au pilori juste parce qu’une minorité a fait quelque chose d’inacceptable.

Accord politique en Centrafrique
La décision de permettre, à une exception près, aux candidats mis hors jeu par le Conseil constitutionnel de briguer le fauteuil présidentiel lors de la prochaine élection est sage. Cette « dérogation » n’a été possible que grâce à un accord entre les partis politiques de Centrafrique, qui ont compris que l’exclusion est source de dégâts aux conséquences incalculables.
Cet exemple pourrait être suivi par la Côte d’Ivoire. Il n’existe pas de solution miracle, la seule possibilité de sortir le pays du gouffre est de permettre à Alassane Ouattara du RDR, Konan Bédié du PDCI et à tous les autres de se lancer dans la course. Au peuple de faire son choix et aux vaincus d’accepter le verdict des urnes.

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Pour l’égalité des droits
L’idée selon laquelle une personne qui se serait prévalue d’une autre nationalité n’a pas le droit de briguer la présidence de son pays me paraît rétrograde. Les citoyens doivent être égaux devant la loi. Si le problème se posait dans mon pays, je serais inquiet de savoir qu’il existe une catégorie de Gabonais qui n’a pas les mêmes droits que les autres.

Un référendum s’impose
Nous devrions faire preuve de bon sens. Pourquoi l’article 35 de notre Constitution devrait-il être abrogé par ordonnance présidentielle ? C’est par référendum que le peuple de Côte d’Ivoire a adopté sa Constitution. Par ce même processus, ce même peuple validera la modification de ce fameux article et le président se conformera au résultat, quel qu’il soit.

Absence obligée
Les donateurs internationaux ont fait assaut de générosité pour venir en aide aux victimes du tsunami, chacun souhaitant passer pour le plus sensible ou le plus solidaire, même si derrière cette façade se cachent des ambitions géostratégiques. Seule l’Afrique était hors course. Quelques rares pays ont fait des dons, à titre symbolique. Les victimes asiatiques ne doivent pas ressentir cette absence comme un manque de solidarité, réflexe que l’on sait coutumier sur notre continent. Mais que donner lorsqu’on est soi-même sous perfusion de l’aide internationale et quand on croule sous le poids des dettes ?

Les Marocains sont-ils racistes ?
J’ai lu – non sans consternation – l’article intitulé « Pauvres Blancs ! » (J.A.I. n° 2297). Au Maroc, tout est sujet à moquerie et peut être aussi considéré comme une critique. Quand j’étais gamin, lorsque je me disputais avec mes camarades, je les traitais de « charbon » quand ils étaient noirs, de « citrons fades » quand ils étaient jaunes, de « couleur de saleté » quand ils étaient bronzés et, en retour, j’ai été traité de « cadavre puant », allusion à ma couleur blanche. Étions-nous pour autant racistes ? Non, nous sommes restés proches amis et l’on rigole encore de nos vertes bagarres. Ces mots peuvent choquer, mais telle est la culture marocaine, pointue, forte, ironique. Au sein de chaque ethnie (Arabes, séfarades, Berbères tamazight, Chlouhs ou Rifains, etc.) c’est la même chose. Pis, la géographie s’en mêle. Les R’batis (gens de Rabat) sont connus comme étant des coincés (Rabat-joie !), ceux de Casablanca sont des loubards, l’avarice est reprochée aux Berbères soussis et j’en passe. Les Marocains sont taquins. Ils piquent mais ne tuent pas et les mots ne leur servent qu’à affiner leur sens de la répartie.

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L’union des contraires
Les va-et-vient du président Thabo Mbeki entre Pretoria, Kinshasa et Abidjan donnent matière à réflexion. Il joue son rôle de médiateur dans les conflits de ces deux géants économiques moribonds de l’Afrique subsaharienne comme un médecin veille sur l’état d’un patient en soins intensifs. Néanmoins, réunir autour d’une table les partisans de Gbagbo et les rebelles semble une idée naïve, quoique louable, compte tenu du climat qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire. Autant vouloir réunir l’eau et le feu.

Oui à l’aide
Les catastrophes en Asie sont d’origine naturelle, alors qu’en Afrique elles proviennent de l’insouciance de nos dirigeants. Ne blâmons pas la mobilisation internationale qui a abouti à une aide sans précédent, souhaitons qu’elle serve à l’épanouissement des populations.

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Tsunami : Dieu est-il responsable ?
Au-delà de l’ironie, Fouad Laroui soulève dans son « Post-scriptum » (voir J.A.I. n° 229) la grave question de la responsabilité de Dieu dans les catastrophes qui ponctuent l’histoire humaine, comme celle de Son intervention dans notre vie quotidienne. Il n’est pas certain que les théologiens et les imams donneront un jour une réponse convaincante au mystère de la souffrance et du mal, face à un Dieu bon.
Que je Lui attribue des tsunamis, que je Lui impute de dissimuler mes lunettes ou que je L’occupe à égarer les bigoudis d’une vieille dame, je n’oublie pas que Dieu est Dieu, c’est-à-dire l’Absolu, le Tout Autre, l’Au-Delà de tout. Il échappera toujours, pour une bonne part, à ma compréhension et à mes catégories. Je ne chercherai pas à le réduire à un deus ex machina, chargé de me dépanner à chaque fois que je ne m’en sors plus. À ce Dieu-là, je crois absolument, c’est-à-dire sans condition. Je ne crois pas en Lui « à condition » qu’Il soit comme ceci ou qu’Il agisse comme cela. Je crois en Lui parce que j’ai fait de Lui une expérience personnelle et unique, qui constitue un socle inébranlable sur lequel j’essaie de construire ma vie et qui donne son sens dernier à mon existence. L’existence d’un tel Dieu ne peut être détruite par aucun tsunami, car je ne Le sommerai pas d’empêcher le glissement des plaques tectoniques indo-australienne et eurasiatique. En revanche, je Le prierai de nous aider à installer des systèmes de surveillance et d’alerte dans l’océan Indien et à construire des maisons plus solides en lieu et place des baraques fragiles. Et s’il m’arrive, par inadvertance ou à cause de mon désordre, de perdre mes lunettes ou d’égarer mes bigoudis, pendant que je les cherche j’implorerai Dieu humblement, pour qu’Il m’aide à les retrouver. C’est à ce Dieu-là, me semble-t-il, que croient les peuples du Sud-Est asiatique, quand nous avons vu les survivants du tsunami veiller et prier pour leurs morts : leur Dieu était toujours là, avec eux !

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