La Wehrmacht capitule à Stalingrad

Publié le 30 janvier 2005 Lecture : 3 minutes.

Malgré les renseignements très précis fournis par ses espions, notamment Richard Sorge à Tokyo, et les avertissements britanniques et américains, Staline s’était obstiné jusqu’à la dernière minute à vouloir « rester ami, quoi qu’il arrive », avec Hitler. Résultat : lorsque le 22 juin 1941 les premiers éléments des 153 divisions allemandes du plan Barbarossa franchissent la frontière, les forces soviétiques sont ainsi dans un état d’impréparation totale. Le front est vite enfoncé, et, le 14 octobre, à Viazma, l’armée allemande fait 663 000 prisonniers. Cinq jours plus tard, Moscou est décrété en état de siège. Mais en quelques mois, les Soviétiques vont apprendre à se battre. Au début de décembre, aidés par des froids de – 36 °C et l’étirement des lignes de ravitaillement allemandes, ils bloquent l’avance de la Wehrmacht. Depuis deux ans, celle-ci volait de victoire en victoire. Désormais, elle est sur la défensive. Entre décembre 1941 et janvier 1942, Hitler remplace trente-cinq de ses généraux.

Au printemps 1942, après la raspoutitsa (« le dégel »), les Allemands préparent une nouvelle offensive. Elle est, cette fois, tournée vers le Sud. L’objectif est d’atteindre la Volga, puis de s’emparer du Caucase et de ses gisements de pétrole. Hitler a reconstitué 158 divisions, complétées par des régiments des pays occupés, notamment 22 divisions roumaines. L’offensive est lancée le 28 juin 1942. Le front suit une ligne sinueuse allant de Viazma, à la hauteur de Moscou, jusqu’à Rostov, sur le Don, en passant par Kharkov. Le groupe d’armées B, dont la VIe armée du général Friedrich von Paulus, attaque à partir de Koursk. L’offensive se développe sur une largeur de plus de 500 km. La défense soviétique est percée entre le Don et le Donetz. Fin juillet, les combats se déplacent vers Stalingrad, où, le 25 août, l’état de siège est proclamé.
En cet automne 1942, les armées hitlériennes pénètrent plus profondément en Russie qu’aucun autre envahisseur avant elles et occupent près de 2 millions de km2 de territoire. Avec des projets à long terme : en trente ans, déporter 31 millions d’habitants de la région et les remplacer par des colons allemands. Dans l’immédiat, plus d’un million de juifs soviétiques sont massacrés.
Mais comme Hitler en Allemagne, Staline a pris directement les choses en main : depuis juillet, il est à la fois commissaire du peuple à la défense nationale et commandant en chef suprême. Hitler sait que, vaincre à Stalingrad, c’est non seulement protéger le flanc des troupes allemandes en marche vers l’indispensable pétrole caucasien, mais aussi anéantir les dernières réserves soviétiques. Staline est, quant à lui, conscient qu’une défaite à Stalingrad permettrait aux Allemands d’occuper des frontières solides le long de la Volga et peut-être d’installer un gouvernement russe de collaboration.
Hitler donne donc à von Paulus l’ordre de prendre la ville. Et Staline y envoie le général Gheorghi Joukov, l’homme qui a sauvé la Russie à Moscou, en 1941.
Dans l’amas de ruines qu’est désormais la ville, la défense est assumée depuis le 11 septembre par le général Tchouïkov, qui a formé ses soldats au combat rapproché : ils se cachent dans les caves et les égouts, postent des tireurs d’élite, utilisent des chiens porteurs de mines… À l’extérieur, le plan Joukov-Rokossovski est de prendre en tenaille les troupes de von Paulus, entre le Don et la Volga.

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L’attaque est lancée le 19 novembre 1942. Encerclé, von Paulus reçoit de Hitler l’ordre de ne rien tenter avant l’arrivée des renforts de von Manstein. Mais celui-ci est stoppé par les Soviétiques. Combats de rues acharnés, ravitaillement aérien difficile… Le 8 janvier 1943, von Paulus, sur l’ordre de Hitler, rejette un premier ultimatum. Le 17, Hitler le nomme maréchal et fait parachuter pour les soldats une pluie de croix de fer. Le 2 février, von Paulus capitule. Il a perdu 100 000 hommes depuis le 10 janvier. Les 91 000 survivants, dont 24 généraux et von Paulus lui-même, sont faits prisonniers. C’est plus qu’un coup d’arrêt : le premier grand tournant de la Seconde Guerre mondiale. Interné en URSS, Friedrich von Paulus sera remis en 1953 aux autorités de la République démocratique allemande et mourra à Dresde, en 1957.

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