Abbas marque des points

Publié le 30 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen, n’a pas déçu ceux qui l’ont élu à la tête de l’Autorité palestinienne le 9 janvier. Sa fermeté lui a permis de mettre de l’ordre dans la maison Fatah, sa formation politique, dont certaines branches politico-militaires, notamment les Brigades d’al-Aqsa, ne respectaient pas les consignes du parti. Ses talents de négociateur n’ont pas été de trop pour arracher, le 24 janvier, l’engagement des islamistes du Hamas et du Djihad de cesser toutes leurs opérations contre Tsahal et les colonies juives. La mise en oeuvre de ses promesses électorales quant à la réforme des services de sécurité a également surpris par sa célérité. Dissolution d’unités spéciales, limogeage d’une cinquantaine d’officiers impliqués dans des affaires de corruption, réorganisation des dix-sept corps de sécurité en trois directions aux attributions bien définies et, surtout, réhabilitation de l’autorité de l’État à travers une série de mesures contre les constructions et commerces illicites. Même si le gouvernement d’Ariel Sharon ne lui avait accordé aucune période de grâce, les actes posés par l’équipe d’Abou Mazen ont forcé Tel-Aviv à revenir sur sa décision de geler tout contact avec les représentants de l’Autorité, à la suite de l’attentat suicide, le 14 janvier, contre un check point et la poursuite des attaques aux roquettes Qassam contre la colonie de Gush Katif, à Gaza.
L’effet Abou Mazen ne se limite pas au seul dossier israélo-palestinien. Son nouveau gouvernement a réussi le tour de force d’organiser, le 27 janvier, les premières élections dans la bande de Gaza depuis… la guerre des Six-Jours, en 1967. Le scrutin, certes local, a impliqué toute la classe politique, y compris le Hamas, seule formation capable de rivaliser avec le Fatah. Même s’il a perdu ces élections, Abou Mazen en est sorti grandi.
Le déploiement de la police palestinienne en Cisjordanie et la reprise en main des affaires de sécurité, avec, notamment, la limitation du port d’arme aux forces de sécurité, ont entraîné un retrait partiel de Tsahal, une reprise timide de l’activité économique et un fonctionnement presque normal de l’administration palestinienne. Mais l’accalmie peut se révéler précaire. Elle reste à la merci du moindre écart des soldats israéliens ou de leurs adversaires.
Avec des actes concrets, tournant le dos au discours démagogique qui consiste à caresser dans le sens du poil une population meurtrie par plus de quatre années d’Intifada, Abou Mazen a en tout cas gagné sa crédibilité, au plan interne comme à l’étranger.

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