Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 29 octobre 2006 Lecture : 4 minutes.

Antananarivo, le Las Vegas africain
– Tel Monaco, Macao ou, mieux, Las Vegas, des façades de casinos scintillent dans la capitale de Madagascar. Néons et panneaux publicitaires lumineux promettent monts et merveilles.
Mais la comparaison s’arrête là. Si, ailleurs, les centres de jeux sont localisés, c’est loin d’être le cas à Antananarivo. Machines à sou, kiosques de PMU et autres lotos sont disséminés à travers la ville. On en trouve à tous les coins de rue, même dans les quartiers les plus pauvres. Sous d’autres cieux, ces endroits sont fréquentés par des nantis qui y trouvent du plaisir en dépensant une infime partie de leur fortune sans que cela ne leur soit préjudiciable. Ici, c’est le contraire. Des gens à faible revenu, croyant gagner un peu d’argent pour subvenir à leurs besoins, se trouvent dépouillés. Résultat, ils se sont appauvris d’avantage et basculent dans l’illégalité. Aussi assiste-t-on à une recrudescence des actes délictueux (chèques sans provision, vols, règlements de comptes), bref, l’insécurité en général. Comment expliquer une telle prolifération de ces maisons de jeux dans un pays sous-développé, alors qu’aucun pays – même riche – ne saurait tolérer une telle débauche ?
Il peut s’agir d’intrus qui abusent de la politique d’ouverture aux investissements étrangers prônée par le gouvernement. Celui-ci aurait manqué de lucidité au point de confondre le loup et l’agneau ! Madagascar est à la veille d’une élection présidentielle (le 3 décembre). Les médias se ruent sur les soubresauts des candidats, mais ceci n’explique pas tout. L’attitude des médias peut être également dictée par la peur des représailles des sociétés de jeux qui sont aussi des partenaires publicitaires.
La lutte contre ce que j’appelle à juste titre un « fléau social » pourrait constituer pourtant un thème de campagne pour un candidat en mal de credo politique. En attendant, Antananarivo, au grand dam de sa population, avance inéluctablement vers ce qui ressemble de plus en plus à un Las Vegas à l’africaine.
Mark Leviktim, Antananarivo, Madagascar

Voile en Tunisie : « caricatural »
– L’article « comment le voile vient aux femmes », paru dans J.A. n° 2388, pêche par un excès de légèreté face à un phénomène qui dépasse la simple relation des citoyens avec la religion puisque nous ne pourrons le soustraire à la question de l’identité dans son ensemble. Partant du témoignage de quelques personnes de son entourage familial ou amical, Fawzia Zouari est parvenue à des conclusions me semble-t-il hâtives, caricaturales voire parfois folkloriques. Ce qui dérange dans cette affaire est la question suivante : comment se fait-il qu’au terme de cinquante années de CSP, d’éducation, de développement et d’émancipation, autant de femmes choisissent de mettre le voile, d’exprimer ainsi leur attachement à la religion et ce malgré la politique résolument moderniste de l’État ? On n’est plus dans la représentation répandue en occident où la femme subit le diktat des hommes qui lui imposent la tenue vestimentaire adéquate.
Ce qui n’a pas été dit par l’auteure de l’article, c’est que, parallèlement, les hommes ont pour leur part suivi le même cheminement, parfois influencés par les femmes qui ont réussi à les « convertir », pour reprendre l’expression de votre journaliste. Ce qui m’a le plus choqué, c’est qu’elle donne l’impression de ne pas comprendre que les femmes en fichu (al-moutahajibat) puissent jouer de la musique ou avoir envie de se baigner en bikini si elles en ont l’envie. Elle va même jusqu’à reprendre un argument fort méprisant à l’égard des femmes quand elle associe le fichu à la laideur ! Franchement, elle est loin de nous présenter un bel exemple de tolérance.
Depuis quelques jours, le débat est lancé dans les colonnes de la presse tunisienne suite à un article paru dans le journal Le Monde. Comment les Amrou et Qardaoui ont-ils pu avoir autant d’influence sur la société alors que la Tunisie affiche un long parcours dans la voie de la modernité ? Fawzia Zouari a quand même fait un constat pertinent : « il serait erroné de croire que le port du voile est, au moins en Tunisie, un geste de part en part politique », ce qui pourrait constituer en partie une réponse à la question soulevée. Le Tunisien ne cesse d’être tiraillé entre la trilogie de son identité (l’islam, l’arabité et son histoire coloniale récente), il est en quête permanente de repères. Notre pays passe aussi de temps à autre par des périodes de turbulences où des phénomènes de tergiversation chaotique apparaissent ; il ne faut jamais les prendre à la légère ou leur attribuer des explications caricaturales, car, au fond, ils sont toujours l’expression des racines profondes de notre identité que les gens aiment retrouver comme valeurs refuges. La Tunisie réelle n’a plus rien à voir avec sa Tunisie nostalgique.
Mohamed Ali Mankai, Tunisie
Réponse : Mon article sur le voile ne prétendait ni à l’exhaustivité ni à l’analyse fouillée. C’est un reportage, et le genre se doit de privilégier les témoignages, par définition subjectifs. Pour l’analyse du phénomène, veuillez vous référer à mes deux ouvrages : Le Voile islamique (Favre, 2002) ; Ce voile qui déchire la France (Ramsay, 2004).
F.Z.

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Palestine libérée
– Mention bien à Georges Adda pour son forum « Israël : le péché originel » (J.A. n° 2388). En tant que Palestinienne vivant en Tunisie, je le remercie pour ses bons sentiments envers les Palestiniens et son honnêteté dans la lecture de l’Histoire. Je résume le problème : Un pays – Israël – qui colonise un autre pays – la Palestine. L’État hébreu doit libérer la Palestine aux frontières définies par la résolution 242 de l’ONU. La colonisation et l’occupation de terres étrangères n’a jamais perduré nulle part. La justice et la lutte des peuples l’emporteront toujours.
Dr Atika Backaier, Tameur, Tunisie

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