Selma Mhaoud
![](/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/medias/default.png)
Le 13 octobre, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, à Paris, la journaliste et reporter marocaine Selma Mhaoud (31 ans) a reçu des mains de Dominique de Villepin, le Premier ministre français, le prix spécial du Concours international de l’enquête organisé par le Centre de formation des journalistes (CFJ) à l’occasion de son soixantième anniversaire. « L’innocence volée », c’est le titre du reportage primé, a été diffusé le 27 avril dernier dans le magazine Grand Angle sur la chaîne marocaine 2M. Très émue, la lauréate a confié que cette distinction constitue pour elle « un motif de fierté », en tant que Marocaine et en tant que journaliste.
Principaux thèmes abordés par le reportage : les mariages de mineures, le tourisme sexuel et le traitement par la justice des pédophiles. Après les récentes affaires de la petite Loubna, à Oujda, du « serial pédophile » de Taroudant et de plusieurs scandales liés au tourisme sexuel, la jeune reporter a interrogé, caméra au poing, victimes et bourreaux. Le tournage a été préparé pendant deux mois et n’a pas été de tout repos, la réalisatrice étant parfois contrainte d’utiliser une caméra cachée. « Les séquences tournées en prison lors de l’interview d’un pédophile condamné à dix ans de prison ferme pour avoir abusé de sa fille ont été particulièrement éprouvantes, confie Selma Mhaoud. Au début de l’entretien, il niait effrontément les faits ! » Mais les rencontres avec les victimes n’ont pas été plus faciles : « Il a fallu du temps pour mettre en confiance certains enfants et les amener à exprimer, avec leurs propres mots, ce qu’ils ont éprouvé. »
À l’évidence, le sujet reste encore largement tabou au Maroc. Selma Mhaoud et son équipe de tournage ont d’ailleurs été prises à partie, devant une école à Rabat, par un petit groupe de femmes exaspérées qu’on reparle du scandale qui a éclaboussé leur établissement. Mais les choses évoluent peu à peu. Un sujet sur la pédophilie aurait été « impossible et impensable » il y a seulement quelques années, commente Samira Sitaïl, la directrice de l’information de 2M.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’État algérien accélère la cadence pour récupérer les biens mal acquis
- Amnesty International demande l’arrêt des expulsions forcées à Abidjan
- Comment Tiani accélère la mise en œuvre du pipeline Niger-Tchad
- Dans l’aérien, Sky Mali joue la carte de l’alliance des compagnies sahéliennes
- L’Algérienne Imane Khelif dépose plainte contre Donald Trump, Elon Musk et J. K. R...