Épilogue judiciaire

Publié le 29 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Créée en 2004, l’agence Média-Ratings, animée par Philippe Karsenty, veut être un outil d’évaluation et de suivi des médias. Sa mission : observer et analyser sur le site du même nom la presse écrite et audiovisuelle française en décernant bons et mauvais points aux journalistes, situés à la place qu’ils méritent sur un « baromètre de fiabilité ». Si nécessaire, dénoncer leurs erreurs et signaler d’éventuels dysfonctionnements de leurs entreprises, en toute indépendance. Proposer, en quelque sorte, un décryptage méthodique des internautes de la blogosphère qui contrebalance le formatage d’une information trop souvent dévoyée par les dépendances politiques et les relations d’affaires.
Le 23 octobre, ce louable projet a subi un revers judiciaire cuisant avec le verdict de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris jugeant Karsenty coupable de diffamation et le condamnant à verser 1 000 euros d’amende ainsi que 1 euro de dommages et intérêts et 3 000 euros de frais de procédure, à chacun des deux plaignants qui l’avaient assigné : le journaliste Charles Enderlin et son employeur, France 2.
L’affaire, qui allait devenir le cheval de bataille de la jeune agence de notation des médias, avait fait grand bruit il y a quelques années. Qui ne se souvient du reportage commenté par le correspondant de France 2 en Israël et diffusé le 30 septembre 2000 sur la chaîne publique française, présentant la mort filmée d’un enfant palestinien, Mohamed al-Doura, dans les bras de son père ? On a souvent considéré que l’émotion suscitée dans le monde entier par ce reportage avait contribué au déclenchement de la deuxième Intifada.
Après une longue enquête, Média-Ratings a conclu à « l’imposture médiatique » et à une manipulation des images dans le reportage de France 2. Non seulement les tirs meurtriers ne pouvaient avoir été le fait des soldats de Tsahal, mais encore avait-on assisté, à des fins de propagande anti-israélienne, à une véritable mise en scène allant jusqu’à simuler sur l’écran la mort de l’enfant martyr.
En réitérant ses demandes d’une démission immédiate d’Enderlin et des responsables de la chaîne, Karsenty a fini par s’attirer un procès en diffamation et une défaite devant la justice – provisoire, puisqu’un appel est en cours. Malgré l’intervention du parquet soulignant la « bonne foi » du directeur de Média-Ratings, le tribunal a jugé que ses affirmations « péremptoires » étaient « dépourvues de tout caractère sérieux et cohérent ». Si un doute subsiste sur le fond de l’affaire, le juge a donc estimé qu’il n’était pas de nature à balayer la réputation du correspondant de France 2 en Israël, non plus qu’à jeter une ombre sur l’impartialité de ses supérieurs.

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